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Cinéma
Le cinéma basque s’exporte dans le monde
Le cinéma basque s’exporte dans le monde
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| Alexandre de La Cerda 682 mots

Le cinéma basque s’exporte dans le monde

« Handia » est devenu le grand gagnant de la 32ème édition de la cérémonie des Goya à l’auditorium de l'Hôtel Marriott à Madrid après avoir obtenu un total de dix prix sur les treize auxquels il avait concourru. Ainsi, le film réalisé par Jon Garaño et Aitor Arregi est devenu le troisième film le plus primé de l'histoire des Goya : il a été récompensé dans les catégories Meilleur nouvel acteur (Eneko Sagardoy), Meilleur montage pour l’Hendayais Laurent Dufrèche, ancien étudiant du BTS audiovisuel de Bayonne, associé à Raúl López, Meilleure direction de production, Meilleure photo, Meilleure direction artistique (Mikel Serrano Lecea, quadra iruñatar formé à l’ikastola San Fermin, puis à la Faculté des Beaux-Arts de l'Université du Pays Basque à Bilbao), Meilleur costume, Meilleur maquillage et coiffure, Meilleurs effets spéciaux, Meilleur Scénario original et meilleure musique originale.

Désormais, ce film entreprend une nouvelle « carrière » de projections avec une présentation cette semaine (sous le titre anglais de « Giant ») au Festival international du film de Santa Barbara aux États-Unis. Entre le 9 et le 16 mars, il participera à la 33e édition du Festival international du film de Guadalajara, au Mexique, dans la catégorie du meilleur long métrage de fiction ibéro-américain. Les spectateurs de Roumanie, de la République Dominicaine et de l'Inde, entre autres, pourront également voir la légende du plus grand géant de l'histoire du Gipuzkoa.

Un personnage « de mythologie » mais qui a réellement existé : il s'appelait Miguel Joaquín Eleizegi Arteaga, né en 1818 à Altzo, bourgade située à une trentaine de Km de Saint-Sébastien en direction de Tolosa. D’une taille normale jusqu'à l'âge de vingt ans, il avait commencé à grandir démesurément jusqu'à sa mort, à 43 ans, en atteignant 2,42 mètres, hauteur corroborée par des mesures marquées à l’église d'Altzo. En revanche, la « légende » prétend que ses os auraient été volés dans sa tombe et se trouveraient dans un musée anglais ou au Musée de l'Homme à Paris…

C’est Eneko Sagardoy qui incarne le géant alors que son frère Martin, inséparable compagnon d’aventures, est interprété par l’acteur Joseba Usabiaga. Le film débute au moment de la première guerre carliste (1833-1840) : blessé et un bras paralysé qui l’empêche de travailler, Martin retourne à la ferme familiale à Altzo et découvre son frère Joaquin devenu gigantesque. Son rêve est d'émigrer en Amérique à la recherche de la fortune, mais il n'a pas l'argent pour embarquer et son père (joué par Ramón Agirre) ne peut l'aider. La solution à leurs problèmes économiques et à ceux de leur famille vient de la proposition d'un commerçant qui encourage les frères à voyager autour du monde en exposant le géant d'Altzo comme un phénomène. Joaquín et Martín sillonnent alors l'Europe, rassemblant un petit capital. Ils ont croisé d'autres « géants », bien qu'aucun n'égale la taille d'Altzo, et acquièrent une renommée qui les fait recevoir par des Chefs d’Etat, entre autres la reine Isabel II d'Espagne, scène qui procure au film un instant de drôlerie.

Mais le scénario dépasse ces épisodes anecdotiques en montrant comment des gens qui ne quittaient pas auparavant leur « sor lekua » (lieu d’origine, en euskara) commençaient à voyager à Madrid, Londres, Paris ou Lisbonne en s’adaptant à d'autres langues, climats et situations en ce XIXème siècle qui vit tant de changements.

Quant à l’acteur à qui serait dévolu le rôle-clef de Joaquin le géant, le choix des réalisateurs s’était porté sur le jeune Eneko Sagardoy, non seulement pour sa taille respectable (1,84 mètre), mais aussi pour son talent à interpréter ce personnage dans des conditions difficiles, monté sur des échasses dissimulées sous son pantalon.

Natif de Durango en Biscaye et à peine âgé de 24 ans, Eneko Sagardoy s’était surtout fait connaître pour sa participation à « Goenkale » (la rue d’en haut), un feuilleton produit par la télévision basque. Son remarquable jeu d’acteur dans le rôle de Joaquin, à la fois physique et psychologique, captive le spectateur qui souffre, s’angoisse ou s’enthousiasme au rythme des sentiments empreints d’humanité du sympathique géant – tout le contraire d’un monstre -, sans doute dans les pas du véritable personnage, il y a un siècle et demi…

Alexandre de La Cerda

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