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Manifestation
Le 14 juillet au Pays Basque, Bastille, Fédération ou ikurriña ?
Le 14 juillet au Pays Basque, Bastille, Fédération ou ikurriña ?
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Le 14 juillet au Pays Basque, Bastille, Fédération ou ikurriña ?

A Bayonne comme dans d’autres villes et villages de France et de Navarre, le 14 juillet sera « commémoré » par des feux d’artifice, des bals et diverses festivités. L’occasion de rappeler quelques événements historiques « incontournables ». A la télévision, dans Secrets d'histoire sur France 2, Stéphane Bern vient d’évoquer fort justement « Madame Royale, l'orpheline de la Révolution » après avoir relaté en une autre occasion les destins tourmentés des « éminences roses » de la Révolution, du château de Versailles aux rives du lac Léman, du palais du Louvre aux confins de la Belgique…

Nous nous contenterons de rester au Pays Basque pour évoquer un 14 juillet « ambigu », selon qu’il se rapporte à l’année 1789 ou à 1790.
Or, même si officiellement, c'est le 14 juillet 1790 - la Fête de la Fédération, moment fugitif et illusoire d’« union nationale » que l'on célèbre (avec, chaque année, autour d’un millier de voitures brûlées), le télescopage des deux dates prête très souvent à confusion. Car, le 14 juillet 1789, ce sont des têtes qu’on promène au bout des piques et dès cet épisode, la Terreur est en gestation, la culture politique conduisant à la Terreur étant présente dans la révolution française dès l'été 1789, lors de la prise de la Bastille qui inaugure le spectacle sanguinaire désormais inséparable de tous les grands épisodes révolutionnaires. En fait, il n'y a jamais eu de « prise » de la Bastille le 14 juillet 1789, mais la perfidie d'une poignée d'émeutiers sanguinaires, brutes avinées, assassins et terroristes dans l'âme, lesquels, après avoir promis liberté et vie sauve aux quelques dizaines d'hommes présents dans le lieu n'eurent rien de plus pressé que de les massacrer, de couper leurs têtes et de les promener dans les rues au bout de piques (de la Bastille, ne seront extraits que quatre faussaires, un libertin et deux fous, discrètement conduits, dès le lendemain, à Charenton).

Ainsi, la « glorieuse » tradition républicaine et notre actuel Système, héritiers de la Révolution débutent l’histoire de notre pays en 1789 ; la Révolution a allègrement détruit entre le quart et le tiers de notre patrimoine, un crime imprescriptible autant contre l'Art qu’envers l'Humanité, car la cruelle déportation des Basques suivra en février 1794. Auparavant, le mathématicien et astronome Jean Sylvain Bailly, premier maire de la Commune de Paris nommé le 15 juillet 1789, n’avait-il pas, lui aussi, été décapité en novembre 1793 pour n’avoir pas témoigné « dans le sens citoyen prescrit » lors du procès de Marie-Antoinette ?

En revanche, au Pays Basque, on fête plutôt en ce 14 juillet la création, il y a 124 ans, de son drapeau ou ikurriña : sur fond rouge représentant la patrie des Basques, la croix de saint André verte symbolise les lois antiques, garantes des fors ou libertés coutumières - lege zaharrak -, le tout surmonté de la croix blanche en signe de foi chrétienne, « Jaungoikoa ».

Cette année, c’est ce dimanche 15 juillet à Mauléon qu’aura lieu la Fête de l'Ikurriña ou Ikurriñaren Pesta : rendez-vous à 11h30 devant la mairie de la capitale souletine. Crée par les frères Arana Goiri, fondateurs d'Eaj-Pnb, il fut exhibé le 14 Juillet 1894 à Bilbao. L'ikurriña ou l'histoire d'un drapeau qui a gagné le cœur des Basques, dans leur diversité.

Lors d’un 14 juillet, le maire de Sare, Jean Aniotzbehere, qualifiait « la révolution de 1789, si brutale et inhumaine pour le Pays Basque de France et ses trois provinces. Les populations de nos villages qualifiées d’infâmes furent déportées pour leur manque de coopération dans la guerre contre l’Espagne en 1793, c’est-à-dire contre nos frères du Sud. Le roi guillotiné par des censeurs assoiffés de sang et la guerre contre tous les pays d’Europe, finalement pour la perdre. Notre Pays Basque fondu dans un département basco-béarnais, notre langue ancestrale, l’euskara, menacée de disparition par refus d’officialisation, et ses locuteurs longtemps considérés en citoyens de deuxième zone, avec mépris, méfiance et condescendance.

Encore aujourd’hui, les brillants héritiers de cette révolution chantent ses prétendues “valeurs”, mais refusent de nous rendre les nôtres, notre territoire des trois provinces, notre langue et la liberté de disposer de nos finances locales, par exemple pour les ikastola » (écoles en langue basque, ndlr.).

Levée de l'ikurriña, chants, danses, apéritif, repas, un rendez-vous convivial ouvert à tous. S'inscrire : par mail à contact@eaj-pnb.eus  ou tél. 05 59 46 15 34 (EAJ-PNB - 25, rue Thiers à Bayonne).

ALC

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