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Histoire
La paléographie des manuscrits anciens
La paléographie des manuscrits anciens
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| François-Xavier Esponde 733 mots

La paléographie des manuscrits anciens

1 – Un palimpseste rare.

Des versets bibliques sur un manuscrit du Coran du VIIIème siècle ont été découverts par des chercheurs du Collège de France.

Une découverte rare selon les auteurs qui analysent le sens de cet usage du “palimpseste” ou le grattage et le recopiage sur un original ancien d’un nouveau texte ajouté. Il s’agirait de neuf fragments de feuillets provenant d’un Coran ancien de petite taille. Les interrogations demeurent, s’agit-il d’une partie ou d’un ensemble dispersé et vendu ?

Les traces d’une écriture copte sont visibles sur l’ensemble des documents. Autour du VIIIème siècle, suivant les observations apportées par les spécialistes de la tradition manuscrite du coran.

Il s’agit de la sourate 5, (versets 40 à 120) transféré sur le manuscrit copte du Deutéronome 6,3. Le thème du manuscrit concerne la loi du talion présente dans la bible juive et dans le coran.

2 - Les chercheurs évoquent la rareté de ces palimpsestes concernant le Coran primitif dans le texte.

L’un se trouve à la Mosquée de Sanaa où il s’agirait de la transcription entre deux écritures coraniques.

Le second provenant de la Mosquée des Omeyyades de Damas.

Le texte est corrigé en grec majuscule et fait l’objet d’études en cours. Le caractère sacré du texte coranique et de toute copie étant avérée, il était peu usuel de vouloir toucher à la sacralité de ces documents originaux et protégés. La pratique étant dès lors interdite.

Cependant le recyclage des parchemins faisant exception, en raison de la valeur économique et matérielle de ces documents rares et couteux à réaliser, on pratiquait le recyclage d’anciens manuscrits produits comme “des nouveaux manuscrits de substitution” par des scribes comme ceux découverts en Haute Egypte dans le Monastère Sainte Catherine au Mont Sinaï.

Le cas de parchemins avec un texte coranique gratté pour y copier un texte chrétien faisait école chez les Pères de l’Eglise au Xème siècle, l’exemple du palimpseste Lewis Mingana en est un exemple à Cambridge, où “les originaux du Coran ont été recouverts d’homélies de Pères coptes chrétiens.”

Les contacts entre musulmans et coptes existant en haute Egypte et en Palestine ancienne, les traditions scripturaires témoignent “d’interactions des techniques utilisées pour fabriquer les livres, la mise en page du texte et des outils d’aide pour savoir les lire.”

L’introduction de voyelles brèves dans les textes plus anciens permettait de revisiter les traditions syriaque, juive et coranique et la pratique touchait le travail des copistes coptes et musulmans.

La découverte de ces fragments en devient la preuve. Ces régions étant encore chrétiennes au VIIIème siècle, ces derniers occupaient des places de premier rang dans les royaumes administrés par les chefs musulmans, comme Damascène présent à la Chancellerie Omeyyade et au fait des tenants de cette vie religieuse.

3 - Dans le coran, l’islam, les évangiles et les psaumes, “les traditions et les échanges entre fidèles existaient jusque dans le texte religieux.”

Les chercheurs désignent cette réalité par “le terme intertextualité, curieux de comprendre le milieu d’émergence du Coran à l’époque où n’existait pas de traduction de Bible en arabe mais des traditions bibliques, des récits et des concepts transmis oralement.”

Depuis le XIXème siècle, on étudie en Occident ces textes communs à l’origine, retranscrits chez les coptes et les musulmans, en faisant l’usage du carbone et d’études par le radio carbone qui font remonter les textes aux origines du VIIIème siècle, à savoir aux débuts du temps du Coran en ces régions méditerranéennes.

Concernés au premier chef par ces études, les musulmans témoignent selon les chercheurs, d’avis partagés concernant la nature de ces travaux, mais soulignent le désir de réappropriation de ces découvertes en cours chez les musulmans pour qui ces documents anciens sont les preuves de l’authenticité des textes en cours d’étude de leur propre histoire religieuse.

En étudiant ces manuscrits anciens, le monde musulman « ayant ignoré pendant des siècles le cours historique des transmissions du « Texte Sacré », pourra comprendre l’histoire religieuse de la tradition coranique et son rayonnement par l’art musulman répandu dans les pays de cette tradition », confirment les chercheurs.

Savoir interpréter le texte à partir du résultat de ces études conduites par des experts des écritures anciennes, est l’intérêt majeur et possible de ce que permettra le suivi de ces travaux sur des manuscrits rares appartenant aux deux traditions copte et musulmane la plus ancienne, coranique au-delà du VIIIème siècle, dans leurs interactions historiques.

François-Xavier Esponde

 

 

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