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La mémoire du génocide arménien à Biarritz
La mémoire du génocide arménien à Biarritz
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| Alexandre de La Cerda 821 mots

La mémoire du génocide arménien à Biarritz

C’est une émouvante cérémonie de commémoration du génocide des Arméniens qui s’est déroulée samedi dernier au monument aux morts de Biarritz en présence de nombreuses personnalités : le maire Michel Veunac, représenté par son premier adjoint Guy Laffitte, et les élus biarrots Maider Arosteguy, Patrick Destizon et Max Brisson, les maires d'Anglet Claude Olive et de Cambo Vincent Bru, Sylviane Alaux, députée, le Consul de la Fédération de Russie et le marguillier de l'église russe de Biarritz, la Vice-présidente du Consistoire israélite de Bayonne ainsi que des représentants de diverses associations. Dans son non moins émouvant discours, le président d’Agur Arménie Clément Parakian a évoqué cette commémoration qui rappelle depuis dix ans, à Biarritz, une catastrophe restée à ce jour impunie et - pire encore - niée par ses auteurs. « Compatissant à la honte ressentie par une frange chaque jour plus informée du peuple turc qui découvre les scènes édifiantes des films, les nombreux témoignages libérés dans les livres, les récits des tortures infligées, la spoliation des biens et surtout la destruction imprescriptible des vies innocentes », Clément Parakian a rappelé que « cette extermination a transformé cet Orient consacré en océan infini de squelettes blanchis, toujours sans sépulture, dans les déserts actuels de Syrie ».

Et de lancer un appel au « jeune peuple turc : votre conscience collective ne pourra pas cautionner éternellement la responsabilité écrasante des dirigeants et leurs successeurs à l’endroit du premier génocide du XXe siècle. Malheureusement, la foule turque consciencieusement décérébrée ne nous entend pas, ses maîtres effacent les opinions dissidentes, mais malgré tout, des voix courageuses résonnent à l’extérieur, Pinar Selek, Erol Oskaray et, plus encore prisonnière dans sa maison, Asli Erdogan et tellement d’autres ! Alors quelle utopie peut nous faire croire que nous allons enfin donner une digne sépulture à nos parents » ?

L’assistance a ensuite écouté le poème d’Aznavour « Ils sont tombés », déclamé en français de façon vibrante et très émouvante par Araïk Martirossian, jeune homme palois de 13 ans, et récité en arménien par la jeune Hélena Khatchadourova, résidant au Boucau (tous deux avaient répété sous la direction de Nazeli Baguirova). L’après-midi, l’écrivain Gaya Guérian avait présenté à la Médiathèque de Biarritz son livre très poignant' « L’Arménienne », sur le parcours étonnant de sa grand-mère et de sa mère sauvées du génocide, en soulignant aussi le rôle de ces Arméniennes qui bien que blessées, violées, torturées, allaient vaincre et survivre grâce à leur pugnacité.

Rappel historique

C’est du 24 avril 1915 que l’on date le début du génocide des Arméniens par la Turquie, premier génocide du XXème siècle qui a fait plus d’un million et demi de morts. Génocide qui visait à maîtriser le territoire de l'Arménie mais aussi à exterminer des chrétiens pour assurer l'unité islamique de l'Empire ottoman. Voici le texte d'un télégramme transmis par le ministre aux cellules des Jeunes Turcs : « Le gouvernement a décidé de détruire tous les Arméniens résidant en Turquie. Il faut mettre fin à leur existence, aussi criminelles que soient les mesures à prendre. Il ne faut tenir compte ni de l'âge, ni du sexe. Les scrupules de conscience n'ont pas leur place ici ».

Il n’est pas inutile de rappeler à cet égard qu’un certain nombre d’Arméniens avaient pu être sauvés par l’empereur russe Nicolas II : en effet, en 1915, c’est sur ordre personnel du tsar que la frontière russo-turque avait été ouverte, ce qui avait permis d’évacuer et de sauver du génocide 375 000 Arméniens, comme l’avait écrit G. Ter-Markarian, en relatant les terribles crimes des Turcs (http://xxl3.ru/kadeti/armenia.htm) : « A la frontière, en plein air, ont été placés de nombreuses tables où les autorités russes ont accueilli les réfugiés arméniens sans aucune formalité, remettant des roubles impériaux à chaque membre des familles et un document spécial, leur donnant le droit de s'installer librement tout au long de l'année dans tout l'Empire russe, en utilisant gratuitement tous les modes de transport. Sur place, des cuisines de campagne ont été mises en place pour nourrir les personnes affamées et organiser la distribution de vêtements aux nécessiteux. Les médecins et les infirmières russes fournissaient les médicaments et une assistance d'urgence aux malades, blessés et femmes enceintes. Au total, donc, plus de 350 000 Arméniens de Turquie ont ainsi pu passer la frontière et ont trouvé refuge et salut en Russie ».

Et le professeur Pavel Nikolaïevitch Paganutstsi d’ajouter à ce sujet (en 1990) : « Depuis la décision de l'Empereur de sauver 23% de la population arménienne de Turquie, il s'est passé 75 ans. Et personne, ni depuis, ni actuellement, ne se souvient de ce qu'il a fait pour le peuple arménien. Pourtant, ne serait-ce que pour un seul sauvé, il aurait pu rejoindre la communauté des saints ». Afin de marquer cette date mémorable, un monument en souvenir de l'Empereur Nicolas II a été inauguré à la fin d'octobre 2015 dans le parc du Musée arménien de Moscou.

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Alexandre de La Cerda

 

 

Exécution d’Arméniens par les Turcs

Exécution d’Arméniens par les Turcs
Exécution d’Arméniens par les Turcs © DR
Exécution d’Arméniens par les Turcs

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