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Patrimoine
La catalane Mireia Massagué dirigera « Chillida-Leku » pour sa réouverture
La catalane Mireia Massagué dirigera « Chillida-Leku » pour sa réouverture
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| Anne de Miller-La Cerda 726 mots

La catalane Mireia Massagué dirigera « Chillida-Leku » pour sa réouverture

En cette fin d’automne, au pied du mont Santa Barbara, dans les parages de l’ancienne ville des forges Hernani et à quelques encablures de Saint-Sébastien, sous une pluie de feuilles or et d‘eau céleste, le lourd portail du domaine de la fondation privée Chillida Leku s’entrouvre pour accueillir quelques rares visiteurs privilégiés, tels les Amis d’Arnaga l’année dernière, auxquels avait été annoncée la réouverture de la maison-musée du célèbre sculpteur
Basque… Et depuis, les mois avaient passé, et toujours rien ! Finalement, c’est le fils du sculpteur, Ignacio Chillida, qui vient de confirmer récemment cette réouverture au public « dans les premiers mois de 2019 ». Effectivement, si l’agence chargée de la communication de Chillida-Leku n’a encore reçu aucune « consigne » et reste « muette » à cet égard, une indiscrétion au sujet de celle qui a été nommée directrice de l’ensemble lève un coin du voile. Il s’agit de Mireia Massagué, directrice jusqu’à il y a peu du centre d’exposition Gaudí à Barcelone, point de départ  de la « Route Gaudí » et doté des dernières techniques muséales : cette exposition, unique en son genre, révèle l’importance de l’un des plus grands architectes et créateurs de Catalogne ; et la jeune catalane a travaillé sur la création et le développement de ce projet de musée après avoir été responsable de l’événementiel et du marketing. Auparavant, Mireia Massagué avait mis en œuvre les politiques de vente et les stratégies de marketing ainsi que l’organisation des congrès pour l’importante organisation des Viajes Iberia, après s’être formée au Victoria and Albert Museum - V & A.
Dans le grand parc de 12 hectares qui entoure Chillida-Leku, une quarantaine d'œuvres de fer et des « menhirs » en granit d’Edouardo Chillida (1924-2002) promènent le regard du spectateur sur de vastes étendues de gazon jalonnées de magnifiques chênes et épineux. Au cœur du domaine acquis en 1983-84 pour placer les collections de l’artiste, trône une noble bâtisse rustique du XVIe siècle en pierres de calcaire grises et crépis à la chaux portant le blason de la famille basque Zabalaga sur sa façade principale conservée à l’identique. A l’intérieur, avec l’aide de l’architecte Joaquin Montero, l’espace et la lumière furent entièrement repensés autour des œuvres de Chillida composées de centaines de dessins, collages, gravures et sculptures en acier, terre cuite chamotée, albâtre… en modèles réduits. Une conception architecturale en noir et blanc qui rappelle qu’Edouardo avait étudié tout d’abord à l’école d’architecture avant de se consacrer à Madrid, puis à Paris, à l’étude du dessin, essence même de son écriture sculptée. Ami des philosophes tel Martin Heidegger, Gaston Bachelard l’avait surnommé « le forgeron » du rêve. A ses débuts à Paris, Chillida rencontra Brancusi, Arp… A leur contact, son travail se métamorphosa du figuratif à l’abstrait.
En 2002,  celui qui avait sculpté « le peigne du vent » (baie de Saint Sébastien) s’est éteint comme « la mer » qu’il avait cristallisée en albâtre (visible à la Fondation Chillida).  
Ainsi, deux ans après avoir ouvert Chillida Leku au public (en 2000), le plus célèbre des sculpteurs contemporains basques, âgé de 78 ans, laissa à son épouse et collaboratrice Pilar Belzunce, mère de ses huit enfants, le soin de veiller sur le domaine.
En 2011, la famille Chillida, lassée d’assumer les coûts trop élevés de son entretien (600 000 euros par an), décida de fermer la Fondation au public.
Puis s’enchaînèrent diverses négociations inabouties avec le gouvernement basque et la députation provinciale du Guipuzkoa qui abandonnèrent en 2016 le projet d’acquisition du musée, Ignatio Chillida, le directeur artistique de la Fondation n’acceptant pas certaines dispositions contenues dans leur proposition de reprise.
Finalement, le rêve de rouvrir la Fondation au public devrait aboutir au printemps prochain, si tout se déroule comme prévu… En attendant, c’est le Musée d'art contemporain espagnol « Patio Herreriano » à Valladolid qui accueille cinquante dessins et petites sculptures à la main commencés par l'artiste en 1948 ainsi que seize gravures sur bois des vers manuscrits de Chillida et de son ami le poète Jorge Guillén rencontré en 1971 à l'Université de Harvard, à l’époque où Chillida avait étudié l'architecture après sa blessure au genou suite d'une collision lors d’une partie de foot en 1943, lorsqu’il était gardien de but de la Real Sociedad ! Blessure qui avait obligé Chillida à « raccrocher le gant » quelques mois plus tard. « S'il n'y avait pas eu cette blessure, j’aurais peut-être fini comme entraîneur d’un club de foot », plaisantait Chillida.

 

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