0
Tradition
L'Hospitalité Basco-Béarnaise à Lourdes : témoignages de pèlerins
L'Hospitalité Basco-Béarnaise à Lourdes : témoignages de pèlerins
© DR

| Alexandre de La Cerda 1040 mots

L'Hospitalité Basco-Béarnaise à Lourdes : témoignages de pèlerins

Comme chaque année, des centaines de malades accompagnés de 1200 bénévoles de toutes les paroisses du diocèse se sont rendus à Lourdes pour le pèlerinage diocésain de l'Hospitalité Basco-Béarnaise qui vient de se dérouler du vendredi 15 au lundi 18 septembre. « Le Seigneur fit pour moi des merveilles », tel était le thème du pèlerinage qui a vu la remise des insignes et la consécration à la Vierge Marie des membres de l'Hospitalité Basco-Béarnaise et la bénédiction apostolique du Pape François - lue par Mgr Aillet à la fin de la messe - pour les 70 ans de sacerdoce du Cardinal Roger Etchegaray qui a suivi l’événement, simple pèlerin parmi les pèlerins. Le Cardinal Etchegaray avait été ordonné prêtre le 13 juillet 1947 par Mgr Jean Saint-Pierre en l'église d'Espelette et il fêtera ses 95 ans ce vendredi 22 septembre. 

« Moment intense d’émotion et de ferveur lors de la procession mariale qui vous remplit le cœur, les malades se livrent à nous pour parler de leurs maladies, de leur problème, puis les larmes apparaissent : nous sommes là pour les rassurer, les réconforter avec des caresses, des bisous, des échanges forts et d’amitié se créent entre nous pendant les quatre jours où nous restons ensemble », commente Jérôme Etchebarne. Le jeune conseiller municipal de Béguios en Amikuze (Pays de Mixe) nous précise que cela fait quatorze ans qu’il s’est mis à leur service : « C'est un monde à part, une bulle où l’on oublie tous nos soucis de famille, travail, stress, maladies. Là-bas, je me ressource et vide ma tête de tout cela.

A la fin de mon service, à 23h, je pars à la grotte me recueillir et prier pour moi, ma famille, mes amis ; et je me vide ». Et d’ajouter cette raison particulière de sa présence assidue à ce pèlerinage de l'Hospitalité Basco-Béarnaise : « C’est un besoin pour moi que d’aller à Lourdes : « j’ai perdu mon père du cancer du cerveau et je n’avais que dix ans ; il est dans mon cœur à chaque pèlerinage. Et j’investis énormément au secteur de Saint-Palais ».

Ancienne déléguée des œuvres de l’Ordre de Malte pour le Pays Basque et le Béarn, Marie-France d’Abbadie d’Ithorrotz considère, pour sa part, que « les apparitions de la Vierge à Lourdes sont de première importance pour les chrétiens. Je prie la Vierge tous les jours et j’ai toujours été exaucée ». Originaire de Garris, elle se souvient que sa grand-tante, avant-guerre, avait elle-même été guérie : « à demi-paralysée, elle avait insisté pour se rendre en car à Lourdes et se faire baigner ». Aussitôt, elle se « sentit une autre personne » et demanda : « laissez-moi marcher toute seule » ! Marie-France d’Abbadie se rappelle également la guérison de son frère, à l’âge de cinq ans, d’une diphtérie qui lui faisait rejeter sa salive : on lui avait fait boire de l’eau de Lourdes. « Car, beaucoup de familles, au Pays Basque, conservent une bouteille d’eau provenant de la Grotte miraculeuse. Et, depuis mon enfance, je continue d’aller deux ou trois fois par an à Lourdes »…

« Era Immaculada Councepciou »

A l’image de l'Hospitalité Basco-Béarnaise, ce sont des millions de pèlerins qui mettent leurs pas dans ceux de Bernadette Soubirous, près de cent-soixante ans après le miracle des apparitions qui eurent lieu en 1858.

Or, à quelques mois de ces événements, un catholique irlandais, Denys-Shyne Lawlor, qui avait choisi « le climat doux et la grande tranquillité de Biarritz pendant l’hiver » afin de se remettre « d’un de ces malheurs qui obscurcissent la vie », profita de son séjour pour parcourait les sanctuaires pyrénéens. Voici comment lui apparut Lourdes, « à l’entrée des sept vallées du Lavedan, près du pic de Gers. Les maisons sont groupées sans ordre au bas d’un rocher, sur le sommet duquel semble perchée comme un nid d’aigle une imposante forteresse. Entre les arbres de la plaine serpente le gave, dont la course est rapide et fait tourner les roues de plusieurs moulins construits sur les bords. Le paysage autour de Lourdes est à la fois riant et grandiose ; prairies vertes, champs cultivés, bois épais sont encadrés d’un côté par la forteresse, et de l’autre par les pics neigeux qui se perdent dans les nues »…

Le décor planté, que s’était-il passé ?

Le jeudi 11 février 1858, Bernadette Soubirous, fille aînée d'une famille pauvre d'anciens meuniers, va ramasser du bois mort avec sa sœur et une compagne, le long du Gave, près du rocher de Massa Bielle (la Vieille Roche, en béarnais-bigourdan). La vision d'une « Dame » lui apparaît, à elle-seule, au-dessus d'un églantier, dans l'anfractuosité du rocher. La vision se renouvelle 18 fois jusqu'au 16 juillet 1858. Le 25 mars, à sa demande, inspirée par le curé de Lourdes, l'abbé Peyramale, la visiteuse céleste se nomme : « Que soy era Immaculada Councepciou » (Je suis l'Immaculée Conception), du nom même contenu dans la définition mariale dogmatique proclamée quatre ans plus tôt par le pape Pie IX !

Le jaillissement d'une source s’était joint au miracle de la révélation, toujours le même de Bétharram à Fatima : prière, conversion, pénitence. Rien ne fut épargné à Bernadette, on la prétendit « hallucinée », voire folle, et le zèle des autorités, devant l’afflux immédiat des pèlerins, défendit l’accès de la grotte au public, autant par mesure « d’ordre » que pour contrer quelque accès intempestif de superstition à une époque où la croyance en un développement infini de la science devait assurer le bonheur radieux de l’humanité.

Tourments auxquels mit fin, en partie, l'impératrice Eugénie qui séjournait alors à Biarritz. La souveraine, d’une santé fragile comme celle de son fils né deux ans auparavant, y avait envoyé l'amirale Bruat, gouvernante du Prince impérial, selon l’historien Henri Lasserre.

Mais d’après la rumeur, Eugénie aurait visité elle-même la grotte « incognito ». Ce qui est plausible puisque le couple impérial marqua une étape à Lourdes le 19 août 1859, sur le chemin d’une cure à Luz Saint-Sauveur. La Providence n’y avait-elle pas incité Napoléon III à construire la voie ferrée vers Lourdes, achevée en 1866 ?

Quant à la hiérarchie ecclésiastique, après des tergiversations et une longue enquête, l'évêque de Tarbes décida de faire ériger l'église souhaitée par la Vierge dans ses « entretiens » avec Bernadette dont on conserve un cliché pris en 1865. Il révèle, dans les yeux, la lumière laissée par l’apparition. Un regard comme hors du temps, qui contemple un univers secret, mais à notre portée !

Alexandre de La Cerda

Répondre à () :

| | Connexion | Inscription