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Exposition
L’Ecole basque Gaur, toujours d’actualité !
L’Ecole basque Gaur, toujours d’actualité !
© MBA Bilbao

| Anne de Miller La Cerda & ALC 739 mots

L’Ecole basque Gaur, toujours d’actualité !

Au printemps 1966, huit plasticiens basques, presque tous guipuzcoans, s’étaient regroupés sous l’appellation « Gaur » - qui signifie « aujourd’hui » en basque - afin de présenter dans une exposition collective au sous-sol de l’agence du promoteur immobilier Dionisio Barandiaran à Saint-Sébastien, transformée en galerie temporaire.

L’exposition « l’Art basque sous le franquisme, exposition Gaur 1966 de l’Ecole basque Gaur » réunit pour la première fois 100 œuvres et documents historiques restituant le passé charnière de la production de ces huit artistes sous la période franquiste, depuis la prise de Bilbao en 1937 jusque dans les années qui suivent la mise en place du nouveau statut d’autonomie (1979).

Parmi les sculpteurs, Jorge Oteiza (1908-2003) et Eduardo Chillida (1924-2002) étaient déjà universellement reconnus, ainsi que Remigio Mendiburu (1931-1990). Oteiza avait obtenu le grand prix de la Biennale de Sao Paulo en 1957. Peut-être le plus spirituel parmi eux, Nestor Basterrechea (1924 -2014)  s’était réfugié en 1937 avec sa famille à Saint-Jean-de-Luz où, à l’âge de treize ans, il s’initia au dessin et à la peinture avant de s’établir en Argentine pour y débuter sa carrière. En 1952, il revint au pays natal où, très prolixe, il s’adonna au cinéma, peignit entre autre la crypte de la basilique d’Aranzazu, tout en continuant à sculpter.

Quant aux peintres, on trouve : Amable Arias (1927-1984), le plus original par ses entrelacs délicats, presque immatériels ; Rafael Ruiz Balerdi (1934-1992), élève aux Beaux-Arts San Fernando de Madrid et lauréat de multiples manifestations internationales ; José Luis Zumeta, né en 1939 à Usurbil, le plus jeune du groupe, qualifié d’« autodidacte anarchique », premier prix du Concours de peinture basque en 1967 pour son tableau « Hommage au Guernica de Picasso ».  Et enfin le peintre-cinéaste expérimental José Antonio Sistiaga, né en 1932, qui s’était fait remarquer à l’exposition des artistes basques de Mexico en 1970 avant de s’établir à Ciboure tout en gardant un atelier à Saint Sébastien.

Entre le marteau et l’enclume

L’Ecole Basque contemporaine est issue des créateurs de l’abstraction, des constructivistes et suprématismes... Et s’ils résistaient politiquement au pouvoir « espagnol » franquiste, vainqueur du « camp basque » en 1937, il eut été difficile de concevoir qu’ils se fussent  satisfaits d’une dictature à l’opposé du spectre politique : il ne faut pas oublier que Malevitch fut torturé et condamné, Kandinsky et combien d’autres artistes ont dû fuir leur pays la Russie devenu une dictature communiste, car ils avaient encore moins le droit de s’exprimer, même artistiquement !

D’ailleurs, comme l’écrit Alexandre de La Cerda à propos de l’exposition sur Olaeta au Musée Basque (en 2010), il suffit de se replacer en juin de cette même année 1937, tragique à bien des égards, lorsque le groupe des jeunes danseurs d’Olaeta se trouvait à Santander, en attente de l’embarquement pour Bordeaux. Logeant dans les conditions précaires d’une église des Jésuites profanée par les républicains « qui avaient remplacé les tableaux religieux par des drapeaux rouges avec la faucille et le marteau », se souvenait Rosario Terrezuri, le comité communiste de la ville retint Olaeta malgré les objurgations du gouvernement d’Euzkadi et ne le laissa rejoindre que d’extrême justesse le groupe déjà arrivé à Saint-Jean-Pied-de-Port (où ils furent installés dans la Citadelle). Evoquant plus tard ses souvenirs dans le livre de Lide de Olaeta « Segundo de Olaeta, cent ans pour la culture basque », Teodoro Ernandorena, le compagnon fidèle des frères Olaeta, avoue, dès le début, n’avoir guère douté de l’issue de la guerre : « ceux du dehors (les franquistes) manifestaient une belle entente avec Hitler et Mussolini alors que nous (les Basques) étions bien seuls et ne pouvions nous entendre avec ceux de Madrid (le gouvernement républicain) » !

Exposition jusqu’au 4 novembre, « l’Art basque sous le franquisme, exposition Gaur 1966 » au musée Basque de Bayonne.

Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 18h30. Fermé les lundis et les jours fériés.

 - Visites commentés par Jacques Battesti, attaché de conservation,  les jeudis 2 et 30 août à 18h30, dans le cadre des soirées du jeudi, sur inscription au tél. 05 59 59 08 98.)

- Visites guidées : du 9 juillet au 1er septembre à 11h, sauf les dimanches, le 14 juillet et les Fêtes de Bayonne.

- Dimanches gratuits :  l’entrée du musée est gratuite tous les 1ers dimanches du mois : 01/07, 05/08, 02/09, 07/10, 04/11.

- Soirées du jeudi : en juillet (sauf le 26) et en août, l’entrée du musée est gratuite tous les jeudis en soirée, de 18h30 à 20h30.

 

 

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