0
Histoire
L’année Georges Guynemer et la vocation aéronautique d’Anglet
L’année Georges Guynemer et la vocation aéronautique d’Anglet
© DR

| Alexandre de La Cerda 1148 mots

L’année Georges Guynemer et la vocation aéronautique d’Anglet

Anglet célébrera Georges Guynemer (1894-1917) dont la vocation est née à Anglet à l’occasion du centenaire de la disparition de ce héros de l’aviation en rappelant le passé et le présent aéronautique de la ville avec ses trois constructeurs aéronautiques : Dassault, Alcore Brigantine et Télérad. Cette « Année Georges Guynemer – Anglet, une vocation aéronautique » proposera des rencontres, concerts, projections, café des métiers et le meeting aérien de la Patrouille de France. Un riche programme mis au point avec le Général Jean‐Patrick Gaviard : originaire de Bayonne après un parcours classique de pilote chasse, il commandera un escadron de reconnaissance, puis en 1993, la base « Guynemer » de Dijon avant de participer à diverses opérations et, finalement, s’installer à Anglet. L’Année Georges Guynemer sera lancée ce vendredi 12 mai à 20 h 30 au Théâtre Quintaou avec la projection de « Patrouille de France », un film d’Éric Magnan, suivi d’une rencontre avec Gauthier Dewas, directeur de présentation des équipes de la Patrouille et ancien leader de la Patrouille.

L’occasion pour nous de rappeler l’histoire de ce grand as de l’aviation, Georges Guynemer, le pilote aux 54 victoires homologuées, disparu également un 11 septembre, en 1917, à l’âge de 22 ans ! Or, la vocation aéronautique de ce descendant de Louis XIV (par sa mère) s’était éveillée lors d’un séjour à Anglet, à la villa Delphine que sa famille avait louée au printemps 1914. Il avait 20 ans.

Georges Guynemer est né à Paris le 24 décembre 1894. Issu d’une des plus anciennes familles de Bretagne. Plusieurs de ces ancêtres s’illustrèrent dans la vie militaire par de brillantes actions. Son père lui-même entra à Saint-Cyr en 1880, mais en démissionna en 1890. Le jeune Guynemer fait ses études à Paris, puis en Normandie et à Compiègne. Il prépare enfin l’Ecole Polytechnique à Stanislas. Son état de santé assez déficient le contraint à arrêter ses études sur les conseils du médecin : « si seulement il pouvait enfin se présenter à Polytechnique » soupirait son père...

Il a neuf ans quand les frères Wright, de l'autre côté de l'Atlantique, effectuent un premier vol aérien. Un événement qui aura une incidence sur sa courte existence… Car, sa santé l'obligera d’abord au repos - un mot qu'il déteste d'autant plus qu'il caresse un grand projet : imiter ces fous volants qui se lancent à la conquête du ciel dans leurs drôles de machines. En secret, il passe son baptême de l'air dans l'une de ces « cages à poules », comme on surnomme les avions d'alors. Paul ne prend pas au sérieux la vocation de son fils. D'ailleurs, avec quelles forces et quels muscles pourrait-il répondre à l'appel de l'espace ? En un an, Georges a beaucoup grandi : il mesure 1,73 mètre mais sa haute taille accuse davantage sa maigreur.

Le bon air d’Anglet et les ailes paloises

Pour améliorer sa santé, sa famille s’installe à Anglet, l'air de l'océan lui apportant « quelques couleurs ». Au printemps 1914, avec son père, sa mère et ses deux sœurs, ils louent la villa Delphine à Chiberta dans l’actuelle avenue Guynemer, juste au-dessus de la plage. Or, à ce moment, on venait de pratiquer à la Chambre d’Amour un terrain qui servait d’escale aux aviateurs de l’école de Pau. Et 1914, c’est le début de la 1ère guerre mondiale, et la déclaration de guerre surprend les Guynemer à Anglet. Le jeune Georges voulut s'engager immédiatement. Le 2 août, à 3 heures de l'après-midi, le tocsin sonne, la mobilisation est décrétée ! « Je veux m'engager », dit-il à son père qui, en tant qu'ancien officier, ne pouvait le désapprouver et l'accompagna, dans son automobile, jusqu'au bureau de recrutement à Bayonne. Mais les médecins militaires le trouvent trop filiforme, trop maigre, trop chétif : l'incorporer serait encombrer les infirmiers !

L’apparente frêle santé de l’adolescent le fit ajourner plusieurs fois, jusqu’à ce qu’un jour, un avion se pose en catastrophe sur la plage de la Chambre d’Amour (terrain d’aviation) ! Georges se précipita pour aider le pilote à remettre l'appareil en marche, tout en lui contant ses mésaventures : « Allez donc à Pau, à l'aérodrome militaire et voyez le capitaine Bernard-Thierry ! », lui conseilla le pilote en décollant. A Pau, le capitaine ferma les yeux sur « l'incapacité physique » du jeune homme et l'incorpora comme élève-mécanicien, puis, plus tard, grâce à un « arrangement », comme élève-pilote. Guynemer restera près d’un an à Pau. Affecté près de Compiègne, dans l'escadrille des Cigognes, il abat un premier appareil ennemi le 19 juillet 1915 avec un avion simplement équipé d'une mitrailleuse montée sur affût rigide. Il est promu sergent et reçoit la médaille militaire. En décembre de la même année, après plusieurs victoires, il survit de peu à la chute de son appareil. Le jour de Noël, pour son 21e anniversaire, il est fait chevalier de la Légion d'Honneur.

Pendant la bataille de Verdun, en 1916, il est gravement blessé, mais il reprend l'air avec le grade de sous-lieutenant et le surnom d'As de l'aviation. Il affronte avec succès de véritables meutes d’avions ennemis et son tableau de chasse est impressionnant. Devenu célèbre jusqu'en Russie, il est décoré par le président Poincaré de la croix de Saint-Georges, au nom de l’empereur de Russie, puis il part dans les Flandres avec son escadrille.

Hélas, Guynemer ne verra pas la fin de la guerre : il a déjà 53 victoires à son actif quand le 11 septembre 1917, il décolle pour sa dernière mission à bord de son avion « Le Vieux Charles », de Saint-Pol-sur-Mer vers Poelkapelle, où il sera abattu. Les Allemands identifieront son avion et sa dépouille dans un champ mais ne pourront récupérer ses restes, détruits par un bombardement. Sa sépulture est ainsi restée vide. Toutes les tentatives pour retrouver son corps, pendant puis après la guerre, sont demeurées vaines.

Près de Pau, la Chapelle-Mémorial de l'Aviation, route d'Uzein à Lescar, garde son souvenir. Actuellement restaurée, cette chapelle a été construite en 1927. Elle est unique dans les archives de l'aviation. Sa collection rend hommage aux pionniers de l'aéronautique disparus de 1912 à nos jours. Lescar avait accueilli en 1908 la première école d'aviation des frères Wright. C'est là que le 9 janvier 1909, ils réussissent les premiers vols de 7 mn, puis de 4 mn. C'est dans cette école que les trois premiers pilotes français ont été formés : Paul Tissandier, le Comte de Lambert et le capitaine Lucas Girardville.

Georges Guynemer est entré dans l'épopée légendaire de l'aviation de chasse qui, telle une survivance de la chevalerie, avait ses codes et son honneur, dans un monde où la guerre était devenue massacre de masse. Dans son poème « L'Etoile entre les peupliers », Edmond Rostand compara Guynemer à l'archange Saint-Michel-du-Péril-de-la-Mer. L’Archange sera encore le titre de la pièce de théâtre que Maurice Rostand écrira à propos de notre aviateur qui avait légué à l'École de l'Air sa devise : « Faire face ».

Alexandre de La Cerda

 

Répondre à () :

| | Connexion | Inscription