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Histoire
Javalquinto, édifice emblématique de Biarritz
Javalquinto, édifice emblématique de Biarritz
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| Alexandre de La Cerda 603 mots

Javalquinto, édifice emblématique de Biarritz

Aujourd’hui, nous vous proposons de visiter l’ancienne demeure à Biarritz d’un grand aristocrate espagnol. Il en y eut plus d’un, en effet, qui succomba au charme de la villégiature préférée de l’impératrice Eugénie née Teba y Montijo ! Et cette demeure, bien qu’elle ait changé plusieurs fois de destination, a encore gardé son nom à consonance hispanique, celui du bâtisseur de ce manoir digne d’une opérette de Luis Mariano. Il s’agit du marquis de Javalquinto, également duc d'Ossuna, cinq fois grand d'Espagne, qui résida pendant plus de quarante ans à Biarritz, jusqu'à sa mort survenue en 1900 à l'âge de 88 ans.

La construction de cette maison remonte à Napoléon III : c’est en 1866 que cet aristocrate espagnol se rendit acquéreur de 2.000 mètres de terrain auprès de la famille Lacombe (qui a donné son nom aux arceaux voisins) pour la somme de 50.000 francs. De nombreux artistes travaillèrent sans relâche pour décorer le petit palais de ce mécène, une des figures les plus marquantes et les plus unanimement appréciées de Biarritz à cette époque.

Et le marquis de Javalquinto y organisa plus d’une fastueuse réception, en particulier celle que le duc avait organisé pour deux cents personnes à l'occasion de la visite de l'Infante d'Espagne : « Plus de huit jours à l'avance, des ouvriers étaient occupés à l'ornementation des salons et aux préparatifs de la fête ». Deux orchestres, dont celui du Casino, furent engagés pour la circonstance. Les jardins furent eux aussi décorés et éclairés « a giorno ».

Les journaux ne tarissaient pas d'éloges sur cette figure des plus marquantes de Biarritz : « Le duc dOssuna était un homme qui avait toutes les traditions de l'ancienne noblesse, large, généreux, bienfaisant à l'excès ! Vieillard superbe, tête digne d'inspirer le pinceau d'un Rembrandt ou d'un Vélasquez ».

Ayant résidé pendant plus de quarante ans à Biarritz, jusqu'à sa mort, il eut droit à des funérailles tout aussi extraordinaires : le lendemain de son décès survenu en 1900 à l'âge de 88 ans, la foule qui défila devant son cercueil posé à terre selon la tradition espagnole, dans le grand salon de Javalquinto, était impressionnante. Des messes furent dites continuellement sur un autel dressé en face du cercueil.

A ce propos, il convient de rappeler que le musée Bonnat renferme un célèbre tableau de Goya représentant un duc d’Ossuna                                                       

Pour en revenir au duc d’Ossuna, à sa mort en 1900, on ferma la maison. Et son parc d'un demi hectare, en plein coeur de la ville, resta désert. Plus tard, elle sera louée à quelques personnalités en villégiature : Louis Poliakoff, un Russe richissime qui avait construit des lignes de chemin de fer dans son pays et participé au financement de la synagogue de Biarritz. Egalement, un autre espagnol, le marquis de Paradas… Finalement, un aristocrate espagnol, le duc del Infantado, en fit l’acquisition en 1920. Mais il y vint peu.

Quatre ans plus tard, le Conseil Municipal de Biarritz décida d'y établir l'Hôtel de Ville, quittant pour toujours le bâtiment de la place Clemenceau (actuelle Banque Inchauspé). La mairie y restera jusqu'au début des années 50. Entre-temps, des scènes de liesse populaire se déroulèrent dans les jardins de Javalquinto à la fin de la guerre, à la Libération.

Le bâtiment abrita également le Tribunal d'Instance de Biarritz avant qu'il ne déménageât à Banuelos. Aujourd'hui, Javalquinto accueille l’Office de Tourisme de Biarritz. Cela lui valut deux attentats dans les années 80, et même une prise d'otages. Mais Javalquinto, solide en diable, résista à ses avatars !

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