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In Memoriam : Peyuco Duhart, maire de Saint-Jean-de-Luz
In Memoriam : Peyuco Duhart, maire de Saint-Jean-de-Luz
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| atolstoi 964 mots

In Memoriam : Peyuco Duhart, maire de Saint-Jean-de-Luz

Hospitalisé à Bayonne par suite d’un accident cardiovasculaire, le maire de Saint-Jean-de-Luz et premier vice-président de la Communauté d’agglomération Pays Basque est décédé jeudi 7 décembre à l’hôpital de Bayonne, à l’âge de 70 ans. Son premier adjoint Jean-François Irigoyen, assurant l'intérim jusqu’à l’élection du nouveau maire, a souligné « les circonstances dramatiques » de sa disparition, « pour la famille du maire – en particulier son épouse Christine, ses enfants Marie Baptiste et François -, pour les membres du conseil municipal, pour l’ensemble des Luziens et au-delà ». Exprimant encore la consternation des élus, agents municipaux, familiers et amis, devant la perte d’un « époux bienaimé et heureux, un père comblé et attentionné, un frère bienveillant, et l’ami de tous les Luziens et les Luziennes », Jean-François Irigoyen de préciser qu’un dernier hommage pourra lui être rendu dans les salons de l’Hôtel de Ville ce dimanche 10 décembre de 9h à 18h où un registre de condoléances sera ouvert à la population. Les obsèques de Peyuco Duhart se dérouleront le lendemain lundi 11 décembre à 10h30, en l’église Saint-Jean Baptiste, « tous les drapeaux de la ville seront mis en berne et les illuminations de Noël resteront éteintes ».

Il y a deux semaines Peyuco Duhart rencontrait le Chef de l’Etat Emmanuel Macron, dans le cadre de la 100e édition du Congrès des Maires et des Présidents d'intercommunalité.

Je l’avais interviewé l’année dernière pendant le repas qui conclut traditionnellement les fêtes de Saint-Jean-de-Luz. Entouré des conseillers généraux et des maires du voisinage ainsi que des parlementaires, le maire de Saint-Jean-de-Luz, en catholique affirmé, avait demandé au recteur de la paroisse, l’abbé Dominique Errecart - en partance pour la paroisse d’Hasparren - de bénir le repas : toute l’assistance se levait alors pour chanter avec ferveur l’Agur Jaunak. Avec le Préfet (à l’époque, Pierre-André Durand), il évoquait déjà le problème des baisses de dotations de l’Etat, devenu encore plus aigu sous l’actuelle administration, et son engagement en faveur de la future Communauté d’Agglomération Pays Basque : « qu’on s’associe complètement avec tout le Pays Basque, de Mauléon et Garazi jusqu’à Hasparren, tous ensemble, une bonne fois pour toutes ! Il y a depuis longtemps une revendication identitaire : c’est l’occasion de rester dans une forme administrative française tout en ayant une « identité Pays Basque »

Concernant les relations avec ses voisins de « tras la muga » (muga, limite ou frontière en basque, ndlr.), les villes du Sud, et Euskadi en général, qui lui tenaient bien à cœur, c’est au niveau de l’Agglo Sud – Pays Basque (dont il était alors le président) qu’il travaillait avec Euskadi, Irun et Fontarabie et, bien sûr, avec la Navarre à travers Sare et Ainhoa, à des projets « européens » en commun, entre autres celui de l’eau dans le cadre du POCTEFA : il s’agissait de maîtriser à la fois les cours d’eau et la qualité des eaux, depuis la Bidassoa jusqu’à l’Adour, non seulement pour retrouver le temps heureux où l’on y pêchait le saumon, mais aussi afin de prendre en compte par bassin-versant les débordements qui s’y déversent en cas de grosses pluies, et en menant des études à ce niveau.

Et d’évoquer encore au cours de cet entretien mené dans le magnifique écrin du restaurant « La Réserve » à Sainte-Barbe un projet culturel qui lui tenait à cœur – « car nous manquons actuellement d’équipements culturels », m’avait-il précisé » ; et « pour y remédier, nous avons lancé une étude de préfiguration pour, à la fois, faire des salles culturelles et un lieu d’expression se situant à l’ancienne villa « Harriet-baita », derrière le commissariat, là où se trouvait l’ikastola qui, elle, va déménager ».

« Terre d’accueil, nous devons garder notre identité »

Et en matière de « vœu à formuler », Peyuco Duhart devait me confier : « Nous avons besoin d’évoluer, nous avons besoin d’accueillir, mais mon vœu le plus cher est que l’on garde notre identité ! Je crois que c’est très important… Il ne faut pas qu’on se laisse noyer dans une espèce de raz-de-marée, à la fois démographique, et de mélange de populations. Il faut que nous accueillions, mais que ce soit maîtrisé de façon à pouvoir garder à la fois nos paysages, nos cœurs de villes et de villages ; savoir organiser les constructions… Nous sommes certes une terre d’accueil – touristique – mais nous devons savoir garder notre identité, contrairement à la Côte d’Azur qui n’a pas su la conserver ».

Esana da erraz eta egina garratz : c’était la sage devise en euskara que Peyuco Duhart avait placée en tête de son compte facebook (en parler est facile, mais l'action plus difficile)…

Issu d'une vieille famille luzienne, le défunt maire luzien - né le 21 mars 1947, élève successivement à Sainte Marie (Saint-Jean-de-Luz), à Villa Pia (Bayonne), au Lycée Maurice Ravel (Saint-Jean-de-Luz) avant d’être diplômé de la première promotion de l’I.U.T. Tech de Co de Bordeaux en 1967 pour entrer immédiatement dans la vie active en reprenant l’entreprise familiale de cycles et motocycles, tout en manifestant très tôt sa passion pour la vie locale et l’action publique auprès de son père, adjoint au maire.

Membre de l’union commerciale luzienne et impliqué localement dans les associations de chasseurs et au sein du Festival « Musique en Côte Basque » dont il deviendra président. En 1986, Peyuco Duhart créé un cabinet d’assurance à Saint-Jean-de-Luz avant de quitter la profession afin d’exercer ses mandats électifs dans les meilleurs conditions.

Conseiller municipal à partir de 1989, adjoint de Michèle Alliot-Marie en charge des Finances et du Personnel en 1995, il lui succède en 2002 à la tête de la municipalité luzienne, également conseiller régional d'Aquitaine (2004 – 2010) œuvrant au sein des commissions « Infrastructures – Transports – Intermodalité » et « Coopération interrégionale et internationales ». Après avoir présidé la Communauté d’Agglomération Sud Pays Basque, il avait été élu au début de l’année premier vice-président de la Communauté d’agglomération Pays Basque. RIP.

Alexandre de La Cerda

 

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