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Histoire
Il y a cinq ans, le « Maidan » ukrainien vu par deux jeunes Aquitains (2)
Il y a cinq ans, le « Maidan » ukrainien vu par deux jeunes Aquitains (2)
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| Bertrand de Bézenac et François de Laitre 3436 mots

Il y a cinq ans, le « Maidan » ukrainien vu par deux jeunes Aquitains (2)

Deux très bons amis, Bertrand de Bézenac et François de Laitre, ont effectué plusieurs périples au Kirghizstan pour chasser le loup (récits déjà publiés dans nos « Lettres » antérieures). Cette fois, ils ont accepté de livrer à nos lecteurs le récit de leur voyage en Ukraine et en Crimée effectué pendant les dramatiques événements du printemps 2014. Voici la deuxième partie de ce récit (la première avait été publiée dans notre « Lettre » du 5 avril dernier).

C’est à bord d’un train de nuit qu’affectionne Bertrand, que nous rejoignons Odessa. Nous prenons place dans un wagon « coupé » c’est-à-dire dans des compartiments pour quatre personnes. Le train en provenance de Moscou, nous fait arriver au petit matin à Odessa.

« La perle de la mer Noire » a été construite en 1794 par la Grande Catherine de Russie qui avait réalisé l’importance de développer un port sur le mer Noire pour l’Empire Russe. L’un de nos compatriotes, le Duc de Richelieu (Armand-Emmanuel du Plessis de Richelieu) qui a servi dans l’armée impériale russe, a fortement contribué au développement et à l’architecture de la ville. Il sera nommé gouverneur d’Odessa par le tsar Alexandre Ier. Au début du XX siècle, Odessa est la troisième ville de l’Empire russe après Moscou et Saint-Pétersbourg.

Rapidement, nous regagnons l’auberge de jeunesse, tenue par un Australien, dans laquelle nous avions déjà séjourné. L’auberge est loin d’être complète. Elle est installée dans les anciens bureaux d’une agence de publicité qui a recouvert les murs de journaux en guise de papiers peints (même des journaux français !). Nous faisons les formalités administratives et posons nos affaires. Les derniers événements de la place Maïdan arrivent rapidement dans notre conversation avec l’hôte de l’auberge. Après nous avoir informé que la situation a été assez calme à Odessa, il nous parle de l’important niveau de corruption du pays. Selon lui, l’Ukraine est un pays où l’on « ne peut rien attendre de l’administration », il faut se débrouiller seul.

Nous ne nous attardons pas plus longtemps et repartons près de la gare où se trouve les « marchroutka », les taxis collectifs introduits par l’Ex-Union soviétique pour assurer le transport routier. Nous interrogeons les différents chauffeurs pour trouver le « marchroutka » qui pourra nous mener dans la ville de Belgorod-Dniestrovski, située à 45km d’Odessa, sur la rive droite de l’embouchure du Dniestr dans l’ancienne Bessarabie. Nous nous installons au fond d’un mini-bus et attendons le départ. Ce dernier se remplie jusqu’à devenir complètement bondé ; le couloir du bus est même occupé par des personnes debout. Le bus se transforme rapidement en une étuve irrespirable et nous mettrons plus d’une heure à parcourir ces quelques kilomètres. A côté de moi, un homme visiblement très fatigué ou légèrement imbibé par l’alcool du matin, trouve l’épaule de sa voisine de plus en plus confortable … agacée, elle le repousse en vain à plusieurs reprises. Enfin arrivés dans la ville, nous partons visiter le musée de la ville, en attendant l’ouverture de la forteresse Akkerman, du prince moldave Etienne le Grand. Le musée est très intéressant et relate les différentes batailles qui ont eu lieu dans la région entre Russes, Ottomans, Moldaves … Nous sommes les seuls clients du musée et un employé nous accompagne pour allumer et éteindre les lumières au fil de notre passage.

Sur le retour, nous demandons au chauffeur de nous arrêter au « kilomètre 7 », un marché situé dans la banlieue d’Odessa. Notre guide de voyage nous avait vanté l’intérêt de son marché aux puces. Cependant, nous arrivons trop tard et le marché est malheureusement déjà fermé. De retour à notre auberge, nous racontons notre journée à notre hôte qui nous dit que le marché n’a aucun intérêt touristique, sauf « si l’on veut acheter une machine à laver » !

Refaisant un tour de la ville, nous voyons bien que l’ambiance est tout autre que celle de Kiev. Odessa semble être une ville moins acquise aux pro-Maïdan. Ainsi, devant la Maison des Syndicats, nous tombons sur des manifestants anti-Maïdan. Comme à Kiev, ces derniers ont planté la tente et élu domicile devant le bâtiment. Cependant, leur protestation est tout autre : à la différence de Kiev, ils rendent hommage aux Berkuts (l’équivalent ukrainien de nos CRS) qui ont été blessés ou tués à Kiev. De nombreuses photos et récits relatent les atrocités commises contre les forces de l’ordre sur la place Maïdan et ils distribuent des tracts de sensibilisation aux passants. Nous apprendrons en mai que la Maison des Syndicats avait brûlé avec 40 personnes à l’intérieur, des pro-Russes, sûrement des gens que nous avions rencontrés en mars. Les circonstances du drame ne sont pas clairement établies, mais il fait suite à des affrontements entre pro et anti-Maïdan. Les anti-Maïdan se seraient réfugiés dans la maison du Syndicat dans lequel un incendie accidentel se serait déclaré par la suite.

Le lendemain, nous rentrons dans une agence de tourisme locale pour visiter les catacombes d’Odessa. Sur le bureau du directeur sont posés les drapeaux ukrainien et russe. Il nous dit que l’Ukraine est actuellement rentrée dans une nouvelle mouvance patriotique… Une jeune femme nous reçoit et s’étonne de nous revoir. En effet, elle nous confond avec des touristes d’Europe du Nord qui étaient de passage à Odessa quelques mois auparavant. La visite des catacombes est possible, bien que non officiellement approuvée. Elle contacte un guide par téléphone et nous informe qu’une visite est possible en début d’après-midi et nous avertit que le guide ne parle que le russe. N’ayant pas le choix, nous acceptons. En début d’après-midi, nous revenons à l’agence où nous attend notre guide. L’activité est si calme en ce moment que la jeune femme de l’agence décide de venir avec nous pour faire office de traducteur. Nous nous retrouvons tous les trois dans la voiture du guide. C’est à quelques kilomètres d’Odessa que nous nous arrêtons pour entrer dans les catacombes, un réseau de près de 2500 km de galeries entrecroisées et superposées qui se trouve sous la ville d’Odessa. Ayant servi initialement de carrière de pierres pour la construction de la ville, les catacombes ont procuré rapidement des caches aux contrebandiers, aux bolcheviques en 1917, ou servi de prison… Plus récemment, lors de la « Grande Guerre Patriotique » (nom de la seconde guerre mondiale en Russie), les catacombes ont servi de cachette pour les partisans. C’est surtout sur cette partie que notre guide va insister. Nous pouvons alors voir les bases de repos des partisans, mais aussi des postes défensifs en cas d’intrusion ennemie. Lorsque nous éteignons la lumière de nos casques, l’obscurité est complète. Impossible d’apercevoir la moindre lumière naturelle, il ne semble pas y avoir de puits donnant vers le ciel. On imagine aisément l’angoisse que pourrait nous donner une panne de nos lampes.

Les catacombes ont vu passer également quelques hurluberlus, tel cet américain qui a parié qu’il réussirait à sortir des catacombes sans aide. On ne l’a jamais vu sortir, et seuls ses habits ont été retrouvés…

De retour dans le centre d’Odessa, nous demandons au guide de nous déposer au Delphinarium, autre curiosité de la ville, développé par l’Ex-Union soviétique. Après un magnifique spectacle de dauphins au milieu des enfants, c’est à notre tour de revêtir notre maillot de bain et de plonger dans la piscine. Après une course très tendue où nous sommes chacun accrochés à l’aileron d’un dauphin, nous prenons le temps de faire quelques photos avec nos montures !

Tchernobyl

Revenant à Kiev par un train de nuit, nous avons juste le temps de poser nos bagages dans notre auberge surplombant la place Maïdan, où rien n’a bougé, pour monter dans le minibus qui nous emmène vers Tchernobyl. Il est en effet possible de visiter le site de Tchernobyl et ses alentours depuis quelques temps, en passant par un opérateur touristique agréé. Nous sommes surtout curieux de voir Prypiat, cette ville créée de toute pièce en 1970, lors de la construction des réacteurs nucléaires situés à 3km de là, et devenue ville fantôme du jour au lendemain. Les autorités ayant évacuées toute la ville en quelques heures (21 000 personnes environ), le 27 avril 1986, près de 30 heures après la catastrophe.

Un film projeté dans le minibus nous relate les causes, le déroulement de la catastrophe nucléaire et les conséquences tant pour les habitants que pour les liquidateurs, nom donné aux 600 000 « volontaires » ayant construits le premier sarcophage et décontaminés le site. Un sacrifice terrible. Le taux de radioactivité était tel, que les ouvriers se relayaient toutes les 30 secondes sur certains points du chantier. Beaucoup sont déjà morts et de nombreux autres sont handicapés.

Nous passons deux check-points l’un à 30 km de Tchernobyl, l’autre à 10 km. A chaque fois nos passeports sont vérifiés. Nous entrons dans la zone « interdite ». Le van s’arrête au bord de la route et notre guide nous conduit devant une maison abandonnée. Il s’agit d’une ancienne maternelle. Bien que des pillards sont venus chiner dans cette maison, le désordre et les objets épars donnent l’impression qu’un drame s’est passé. Des poupées et ours en peluches traînent à côté de lits d’enfants en fer. Dans la pièce suivante, des livres d’enfants à moitiés déchirés sont ouverts. Tous les meubles ont été renversés. Sortant de la maison, nous mesurons la radioactivité au pied d’un arbre  : l’aiguille du compteur s’affole… La radioactivité est beaucoup plus importante que sur la route où nous sommes arrêtés. Le guide nous explique que les soviétiques ont dépollué une partie de la zone et notamment certaines routes, expliquant ainsi la différence importante de radioactivité en à peine quelques mètres.

L’étape suivante de cette journée est la ville de Tchernobyl où nous allons déjeuner. Située à 15 km de la centrale nucléaire, la ville existe depuis le XIIème siècle. Aujourd’hui, cette ville ressemble à beaucoup d’autres villes d’ex-URSS : au milieu du village se trouve une place avec une statue de Lénine en son milieu, entourée par des bâtiments massifs et sans charme. Tchernobyl est encore peuplée, principalement d’ouvriers (environ 500) travaillant à la construction du nouveau sarcophage de la centrale et habitant dans des immeubles dépollués. Il y aurait plus de trois mille personnes habitant sur la zone interdite : outre les ouvriers, des personnes habitant dans la zone avant la catastrophe et qui ont souhaité retourner dans leurs maisons. Ainsi nous avons pu apercevoir au loin, des gens sur le seuil de leur maison isolée dans les bois que nous avons traversés pour arriver à Tchernobyl.

Le déjeuner passé, nous faisons un arrêt devant le monument construit en hommage aux liquidateurs puis partons pour la centrale…  Avant d’arriver devant le réacteur numéro 4, celui qui a provoqué la catastrophe, nous passons devant les réacteurs 5 et 6, dont la construction s’est arrêtée après l’accident. A noter que la centrale a été définitivement arrêté en 2000, où 9000 employés travaillaient encore sur le site.

Nous arrivons devant le réacteur numéro 4. Tous sortent les compteurs Geiger. Les aiguilles s’affolent, nous sommes à 150 m du réacteur. Nous pouvons observer les nombreux ouvriers sur place s’affairant autour du nouveau sarcophage métallique. Presque terminé, il doit glisser sur des rails jusqu’à entourer le sarcophage du réacteur qui menace de s’effondrer. Une fois l’opération réalisée par le consortium Novarka (Bouygues et Vinci) en novembre 2016, les ateliers de décontamination vont pouvoir commencer (à ce jour, la décontamination du premier sarcophage aurait à peine commencé).

Quittant la zone de la centrale, nous faisons un détour pour admirer la « forêt rouge », une forêt de pin devenue rouge par la radioactivité, avant de rejoindre la ville de Prypiat. Cette ville créée pour les travailleurs de la centrale à 3km de là, qui du jour au lendemain s’est vidée de sa population par décision des autorités. Les autorités de l’époque ont dépensé des sommes considérables pour nettoyer la ville en vue de la réutiliser. Ils finiront par y renoncer. Aux portes de la ville, un gardien qui protège l’accès, nous ouvre la barrière et nous empruntons la rue Lénine, artère principale de la ville. L’ambiance est glaçante, la ville est composée de grands immeubles soviétiques blancs entourés d’une importante végétation. Nous faisons un premier arrêt place de la culture où la grande roue, toujours debout, est entourée par des manèges. Sur un bâtiment élevé de la place se dresse encore fièrement les armes de l’Ex-Union soviétique. Nous continuons notre promenade et traversons une forêt pour arriver devant des gradins. Nous venons en fait de traverser le terrain de sport qui a été reconquis par la végétation ! Puis, nous remontons dans notre mini-bus et partons visiter la piscine municipale qui a été utilisée par les ouvriers de la centrale jusque dans les années 2000 ! Au détour d’un carrefour nous tombons sur une équipe qui est en train de tourner un film. Enfin, nous faisons un dernier arrêt devant des immeubles. Le guide nous laisse pénétrer à l’intérieur et visiter les étages. Des appartements sont encore meublés et on y trouve même des effets personnels. L’intérieur est assez propre mais a fait l’objet de nombreux pillages et même de dégradations. Le guide nous explique qu’à la chute de l’Union soviétique, de nombreuses personnes ont soudoyé les gardiens de la ville pour piller les affaires et les revendre…

La route du retour s’effectue en silence. Nous repassons les checkpoints, et lors du second, nous passons dans un portique mesurant la radioactivité. Après être chacun passé sous le portique, aucun bruit, personne n’est au-dessus du seuil autorisé ! Boris, un touriste allemand, d’une quarantaine d’années, nous raconte que le lendemain de la catastrophe, il faisait du vélo sous la pluie à Hambourg, une pluie chargée de particule radioactives… Il avait dû recevoir une bonne dose de radioactivité à l’époque. Mais il ne sonne pas non plus. Peut-être que la machine ne fonctionne pas. Le guide nous indique qu’un touriste hollandais qui s’était aventuré dans la forêt avait récemment fait sonner le compteur. Nous ne sommes pas très rassurés, même s’il nous assure que nous avons eu autant de radiations que si nous avions pris l’avion entre Paris et New York…

Retour à Kiev et visite de l’Est de l’Ukraine

Le soir nous enfilons une veste et une cravate pour assister à une très belle interprétation du ballet romantique Giselle à l’opéra de Kiev. La vie culturelle de Kiev ne s’arrête pas !

Le lendemain nous louons une voiture et partons dans l’Est du pays. Nous faisons un premier arrêt dans la ville de Jytomyr pour visiter le Musée de l’espace. Jytomyr est la ville natale de Sergeï Korolov, le père du programme spatial soviétique. Victime des purges staliniennes des années 30, il passe sept ans au goulag dont deux dans le sinistre bagne de la Kolyma.  Le musée de Jytomyr lui fait une part belle, nous pouvons découvrir également une grande partie de l’aventure spatiale de l’Ex-Union soviétique, voir une réplique du Spoutnik, des capsules Soyouz… Aspect peu connu, l’Ukraine est un pays capable de lancer des satellites dans l’espace. 

Les kilomètres défilent et nous arrivons à Kamianets-Podilskyï, ville située non loin de la frontière Roumaine et Moldave, où nous sommes attendus chez un couple d’Ukrainiens pour passer la nuit. Situés en plein cœur de la ville, ils nous accueillent chaleureusement dans leur appartement modeste qu’ils rénovent petit à petit et faisons la connaissance de la mère de notre hôte qui habite également les lieux ainsi que Mamaille, un chien labrador. Autour d’un bortch, nous discutons avec notre hôtesse, une journaliste, de notre périple et des événements de Maïdan. Nos hôtes, pro-ukrainien, soutiennent le renversement du dernier gouvernement et ont même fait le déplacement à Kiev avec des amis pour participer aux manifestations. Là encore ils souhaitent le changement, que la corruption cesse et être indépendant de la Russie. Quand nous leur racontons ce que nous avons vu à Odessa et les manifestions de soutien aux forces de l’ordre, ils sont atterrés !

Le matin, avant de partir, nous prenons notre petit déjeuner avec nos hôtes et ce cher Mamaille qui ne quittera pas les tartines du regard ! Classée au patrimoine de l’UNESCO, la ville de Kamianets-Podilskyï est une capitale historique du peuple Slave, dont les premières constructions remonteraient à l’époque romaine. La villa a été occupée par les Ottomans brièvement au XVIIème siècle. En revenant, les Polonais ont reconstruit une église à la place de la mosquée et gardés le minaret pour un faire un clocher. Etonnant mélange des genres.  La pièce maitresse de la ville est la forteresse de Kamianets, très intéressante sur le plan historique et architectural. Très bien conservée, elle a servi de décor pour le film Taras Bulba (réalisé par Vladimir Bortko en 2009) d’après le chef d’œuvre de Nicolas Gogol. En tant que guide, nous récupérons le professeur d’anglais et d’histoire de la ville qui nous assommera de détails pendant plus de 4 heures de visite !

Devant rentrer à Kiev, nous reprenons la route sans attendre. Cependant, un arrêt imprévu se produit quand un policier nous arrête pour excès de vitesse. Ne croyant pas que nous sommes des touristes au volant d’une voiture immatriculée en Ukraine, il se met à nous parler dans un russe que nous ne comprenons pas. Nous sommes en pleine campagne au milieu des champs sur une deux fois deux voies et d’après ses explications nous sommes en ville et donc limités à 50 km/h. Chose inacceptable, nous finissons par lâcher un billet pour reprendre la route … et regagner Kiev.

Restant quelques jours de plus en Ukraine, Bertrand aura l’occasion de visiter la Mejyhiria, la résidence de Viktor Ianoukovitch, devenue depuis le départ du président, une véritable attraction touristique. De nombreux ukrainiens vont en famille visiter cette propriété. Gardée par les miliciens de Pravy Sektor, l’entrée est payante. La maison du président n’est pas ouverte au public mais on peut voir à travers les fenêtres, des pièces meublées dans un style néoclassique, un peu trop clinquant, les sols sont en marbre, et les plafonds sont ornés de moulures. C’est assez chargé… Non loin de la maison, des bungalows de bois au bord de petits étangs abritent un spa ainsi qu’un espace pour faire des barbecues. En contrebas de la maison, surgissent des fausses ruines gréco-romaines. Le parc semble immense, ici ou là trônent des gloriettes. En contrebas de la maison, après avoir franchi un petit bois, les visiteurs tombent sur un lac artificiel où est amarré une réplique grandeur nature d’un galion. On se croirait à Disneyland… Malheureusement, impossible de rentrer sur le « vieux grément », qui servait apparemment pour des réceptions. La fin de la visite se fait en longeant le zoo privé de Ianoukovitch : peu d’animaux exotiques mais de nombreux faisans de toutes espèces. Peut-être étaient-ils réservés pour la chasse présidentielle…

Deux ans après la fin de l’Euro 2012 de football qui avait eu lieu en Pologne et en Ukraine, il aurait été dommage de ne pas assister à un match de football dans le stade olympique de Kiev construit en 1923 mais rénové en 2011 pour cet évènement sportif. Ainsi, c’est à la confrontation entre le Dynamo de Kiev et le Metalist Karkhov que Bertrand assista. La présence des supporters des visiteurs qui venait de l’est de l’Ukraine, pouvait laisser craindre des échauffourées. Rien de tout cela n’arriva. Le stade entier chanta l’hymne ukrainien à l’unisson avant le coup d’envoi. Et si quelques fumigènes furent tirés par des supporteurs du Metalist chantant torses nus, ce fut les seuls « débordements ». Résultat final 3-2 pour Kiev. Une ambiance bon enfant dans un moment tragique.

Aujourd’hui, à la veille du second tour de l’élection présidentielle en Ukraine de 2019, l’état de l’Ukraine s’est peu amélioré au goût des Ukrainiens. Petro Porochenko, le président sortant crédité de 25% des voix contre Volodymyr Zelensky, un comédien connu pour avoir joué le rôle d’un professeur devenant par hasard président de la république crédité de 72% des voix. En plaçant ce dernier en tête des intentions de vote, les Ukrainiens semblent sanctionner la lenteur des réformes et les orientations prises par le gouvernement (hausse du prix du gaz, réforme des retraites…), de l’éradication de la corruption, et de la guerre qui se poursuit au Donbass. L’économie ne se relève pas d’un conflit qui dure et ne semble plus susciter l’enthousiasme des ukrainiens malgré le soutient d’armée étrangères. A noter que le représentant de Svoboda, dont les militants étaient avec Pravy Sektor les plus acharnés de Maïdan, a fait moins de 2% des voix (à suivre).

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