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Histoire
Il y a cinq ans : l’avènement d’une reine « basque » sur le trône des Pays-Bas
Il y a cinq ans : l’avènement d’une reine « basque » sur le trône des Pays-Bas
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| Alexandre de La Cerda 864 mots

Il y a cinq ans : l’avènement d’une reine « basque » sur le trône des Pays-Bas

« Jeiki, jeiki, etxekoak, argia da zabala…bai ta ere, ikaratzen, holandrese ibarra», levez-vous, gens de la barque, du côté de la mer résonne la trompette d’argent, les rivages des Hollandais tremblent… Ce vieux chant guerrier ainsi que le style « hollandais » de la « maison de Ravel » à Ciboure, construite au XVIIe siècle par l’armateur Esteban d’Etcheto qui avait beaucoup navigué aux Pays-Bas, sans oublier des souvenirs historiques au château d’Urtubie voisin témoignent éloquemment de la longue histoire des relations – tantôt conflictuelles, tantôt pacifiques – de ces deux peuples marins que sont les Basques et les Hollandais. La pêche à la baleine les avait opposés au moyen-âge - le sceau original du

« Conseil de Biarritz » figure sur l’acte d’une trêve conclue en 1351 avec les villes flamandes de Bruges, Gand et Ypres – avant de les rapprocher aux XVIe et XVIIe siècles - les Hollandais, ne maîtrisant pas toutes les techniques liées à cette pêche, firent appel au savoir-faire et à l'instruction des marins basques et leurs compagnies recrutèrent des harponneurs, des dépeceurs, des maîtres de chaloupe et des coupeurs de lard basques. Mais, en 1713, le traité d'Utrecht qui limitait les zones de pêche entrava considérablement l'armement des Basques à la baleine…

 Or, cette saga mouvementée a connu un nouvel – et, cette fois, heureux - épisode, qui tire son origine d’un événement qui s’était déroulé voici cinq ans à La Haye : quelques jours avant de fêter son 75e anniversaire, la reine Beatrix des Pays-Bas s’était adressée à ses compatriotes lors d’une intervention radio-télévisée afin de leur annoncer son retrait du Trône, comme l’avait fait avant elle sa mère la reine Juliana en 1980. Après quasiment 33 ans de règne, la souveraine hollandaise annonçait son abdication pour le 30 avril 2013, date à laquelle les Pays-Bas ont acclamé un nouveau couple royal, le roi Willem-Alexander et la reine Maxima.

Fils aîné de la reine Beatrix, Willem-Alexander était ainsi devenu à 45 ans le premier roi depuis Willem III, qui avait régné jusqu'à sa mort en 1890 et à qui succédèrent une régente et trois reines.

D’après l’AFP, le nouveau monarque, « considéré comme un joyeux luron dans sa jeunesse, a acquis progressivement une légitimité auprès du peuple néerlandais ». Pilote d'avion, diplômé d'histoire, membre du Comité international olympique (CIO), il est vu comme novateur et « plus proche des gens que sa mère, lui qui a placé la Maison royale sous le signe de la modernité en racontant ses visites officielles à l'étranger sur un blog ».

Son mariage d'amour avec Maxima Zorreguieta à la suite d’un coup de foudre immédiat lors de leur première rencontre à Séville, il y a quelques dix-sept ans, avait achevé de le rendre populaire. Proche du peuple, souriante, la belle argentine, fille d'un ancien secrétaire d'Etat à l’Agriculture, avait rapidement appris la langue de son pays d'adoption et gagné les cœurs des Néerlandais. Elle lui a donné trois filles : Catharina-Amalia, Alexia et Ariane. Parmi les interviews de l’AFP lors de cet avènement, celle de Leo van der Horst qui faisait son jogging près du palais semblait résumer l’opinion générale : « C'est un chic type, j'espère qu'il sera aussi magnifique que sa mère, et il a une épouse extraordinaire que tout le monde adore ».

Les origines souletines de la reine des Pays Bas

Il convient d’abord de préciser que l’épouse de Willem-Alexander règne effectivement aux côté du souverain depuis que le parlement des Pays-Bas lui en avait accordé le privilège, pour la première fois dans l’histoire, en juillet 2011.

D’après sa généalogie, Máxima Zorreguieta, née à Buenos Aires en 1971, descend de José Antonio de Sorreguieta y Oyarzabal, « commerçant prospère né à Tolosa en Guipuzcoa en 1777 qui s’est établi en 1790 à Salta en Argentine ».  Mais, parmi ses nombreux ancêtres originaires d'Alava et de Navarre (entre autres, les Gaztelú y Baigorri, nobles de Corella), la reine Maxima compte également un arrière-grand-père souletin, Bernard Carricart, né à Moncayolle, puis émigré à l’âge de vingt ans en Argentine ou il a exercé la profession de vétérinaire. Son père, Ferdinand Carricart, également originaire de Moncayolle, était marié à Graciane Haramburu (Engrâce Aramburu, née en 1801).

Le père de la reine Maxima, Jorge Horacio Zorreguieta (décédé l’année dernière), était versé dans l’industrie sucrière et présidait depuis 1995 la « Fondation Basco-Argentine Juan de Garay » : il avait relaté les origines basques de ses ancêtres dans la bibliothèque de l’institution, « entre un buste de Miguel de Unamuno et une gravure de Saint-Sébastien de 1835 ». Les Sorreguieta étaient originaires d’Elduayén, près de Tolosa en Guipuzcoa. Un jour, recevant d’un inconnu une photo de la maison de ses ancêtres, il s’y rendit dans les années 80 pour y rencontrer une descendante qui s’était avérée être une lointaine cousine. Elle lui donna une copie du blason des Juanes de Sorreguieta, et divers documents concernant ses ancêtres « qui avaient beaucoup guerroyé, depuis les Croisades jusqu’aux guerres carlistes »

Et, pour en revenir à la nouvelle souveraine des Pays-Bas, Jorge Horacio Zorreguieta avait précisé dans une interview que Maxima était « intéressée par la généalogie, d’où nous provenons. Je crois que ma fille a hérité des vertus essentielles des Basques : l'honnêteté, le caractère, le travail et la fidélité à la parole donnée » !

Alexandre de La Cerda

Les basques d'Argentine
Les basques d'Argentine © DR
Les basques d'Argentine

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