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Guy Saigne, lauréat de l'Académie française pour son « Léon Bonnat »
Guy Saigne, lauréat de l'Académie française pour son « Léon Bonnat »
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| Anne de Miller La Cerda 840 mots

Guy Saigne, lauréat de l'Académie française pour son « Léon Bonnat »

Parmi les 66 prix de son palmarès annuel qu’elle vient de dévoiler vendredi dernier,  l'Académie française a récompensé l’historien d’Art Guy Saigne pour son ouvrage sur « Léon Bonnat, portraitiste de la IIIème République » publié aux Editions Mare et Martin Arts.  Le cofondateur et vice-président des amis du musée Bonnat-Helleu a reçu le Prix Jacques de Fouchier doté de 10 000 € par la Compagnie Bancaire.

Pendant des années, cet érudit a collecté des milliers de documents avant de soutenir brillamment en 2015 une  thèse de Doctorat en Histoire de l’Art sur « Léon Bonnat (1833-1922).

Dans son ouvrage de 700 pages, cet ancien d’HEC (1967) analyse avec rigueur et originalité le contexte politique de la IIIème République (1870 à 1940), entre monarchies constitutionnelles et républiques, dans lequel évoluait l’artiste collectionneur. Il y joint un catalogue raisonné dont chaque notice reproduit l’œuvre, en donne les caractéristiques techniques, présente la biographie du modèle, décrit les conditions de réalisation du portrait et résume enfin sa fortune critique.

Léon Bonnat était né à Bayonne le 20 juin 1833. A l'âge de 14 ans, il partit avec sa famille vivre à Madrid où son père avait fondé une librairie après de mauvaises affaires à Bayonne. Pendant les six années passées à Madrid, Léon Bonnat découvrit le Prado et admira la peinture espagnole, en particulier celle de Ribera. Il entra à l'Academia Real de las Bellas Artes de San Fernando, dans l'atelier de Federico Madrazo. Au décès de son père, en 1853, il revient dans sa ville natale et continue son apprentissage à l'Ecole de Dessin de Bayonne, sous la direction de Romain Julien. En 1854, c'est le départ pour Paris et l'Ecole des Beaux-Arts où il étudie à l'atelier de Léon Cogniet.

Le Prix de Rome étant à l’époque un passage obligé pour qui voulait se faire connaître, Léon Bonnat y concourt en 1857 avec le tableau "La Résurrection de Lazare" mais n’obtient que le second Grand Prix. Mais il y a également le Salon. Cette même année 1857, il y présente trois portraits et désormais, ses envois vont le faire remarquer du public. D’autant plus qu’en 1858, il part pour Rome et l'Italie où, durant trois années, il va découvrir et copier les grands maîtres de la Renaissance italienne. A ce propos, si Léon Bonnat était particulièrement attaché à sa ville natale, c’était sans aucun doute un sentiment de reconnaissance. Léon Bonnat sollicita par deux fois, dans sa jeunesse, l'aide de la ville de Bayonne qui la lui avait accordée. En 1853, la municipalité de Bayonne attribua une bourse de 1500 francs or au jeune Bonnat afin de lui permettre de suivre ses études à Paris. En 1857, la même somme lui fut versée pour aller à Rome, continuer son éducation artistique car, n'ayant obtenu que le second Grand Prix de Rome, il ne pouvait prétendre être pris en charge par l'Etat français à la Villa Médicis.

En 1863, la princesse Mathilde l'accueille dans son salon où se réunissent les hauts personnages de l'Etat et les artistes officiels. En 1864, l'impératrice Eugénie achète ses tableaux. La médaille du Salon lui fut attribuée en 1869 et il entrera au jury dont il sera souvent élu président par la suite. A ce titre, il eut plusieurs fois à juger les œuvres de Manet, Renoir, Monet et Cézanne. Dès lors, les honneurs ne lui manquèrent pas : élu membre de l'Institut en 1881, il devint professeur à l'Ecole des Beaux-Arts en 1888 puis Directeur en 1905. Il présida le Conseil Supérieur des Musées qui acceptait ou refusait les œuvres qui devaient enrichir les collections nationales.

Portraitiste officiel de la IIIème République, Léon Bonnat réalisa les portraits des représentants de la classe dirigeante fortunée française ou étrangère. Parmi ses plus éminents clients Victor Hugo, le cardinal Lavigerie, le duc d’Aumale au quelle s’ajoute la jet set américaine Astor, Vanderbilt et le cercle des famille juives Rothschild, Ephrussi, Cahen d’Anvers, Camondo ou Reinach…

A la fin de sa vie en  léguant ses collections à sa ville natale, Bonnat permit la création d’un musée municipal qui portera son nom. Fermé depuis 2011, la ville de Bayonne a décidé de rénover entièrement le musée. Le groupe d’architectes Brochet Lajus Pueyo en charge du projet en doublera la surface.

Les travaux qui devaient s’achever en 2019, ont été reportés à 2021. Entre temps, Sophie Harent, conservateur en chef du musée Bonnat-Helleu depuis août 2010, a été nommée en mars dernier à la direction du musée de Magnin à Dijon. Benjamin Couilleaux, actuellement conservateur du patrimoine au musée parisien Cognacq-Jay, adjoint de la directrice Rose-Marie Herda-Mousseaux, prendra sa suite au début de septembre. Un retard de deux ans qui permettra peut-être à Me Jean-René Etchegaray de briguer un second mandat pour les élections municipales bayonnaises en 2011.

En attendant la réouverture du musée, les amateurs d’art et historiens pourront approfondir leurs connaissances en consultant le beau livre de Guy Saigne « Léon Bonnat, portraitiste de la IIIème République » publié aux Editions Mare et Martin Arts (700 pages, 175 €). Bonne lecture !

 

 

 

 

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