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Histoire
Ferdinand de Lesseps, une fortune bayonnaise (2) : Panama
Ferdinand de Lesseps, une fortune bayonnaise (2) : Panama
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| Alexandre de La Cerda 752 mots

Ferdinand de Lesseps, une fortune bayonnaise (2) : Panama

Nous continuons d’évoquer la destinée du bayonnais Ferdinand de Lesseps dont les éphémérides nous rappellent qu’il était né le 19 novembre 1805. Après avoir relaté le début de sa carrière diplomatique et la réalisation du canal de Suez inauguré le 17 novembre 1869 en présence de l’impératrice Eugénie - qui, à cause de ce déplacement, ne pourra se rendre à Biarritz cette année-là - nous abordons à présent son autre projet, le percement du canal de Panama en Amérique centrale, entre océans Atlantique et Pacifique, qu’il va également promouvoir, mais d’une manière moins heureuse, dans un climat de passion politique et de scandale.

Charles Quint avait déjà fait étudier en 1534 un projet de canal dans l'isthme de Panama mais ce n’est qu’en 1876 que fut créée une société internationale destinée à financer son exploration, avec le Bayonnais Lesseps. Cette société envoie une équipe d'ingénieurs dirigée par Lucien Napoléon Bonaparte Wyse explorer les différentes routes. Après deux voyages de reconnaissance au Panama, Bonaparte Wyse signe en 1878 avec la Colombie un document connu sous le nom de Concession Wyse. Cette concession octroyait le droit de construire et de faire fonctionner le canal pendant 99 ans.

Le 15 mai 1879, un congrès international d'études du canal interocéanique est organisé au siège de la Société de Géographie à Paris dont la présidence est confiée à Lessseps. Le congrès arrête son choix sur le projet d'un canal à niveaux au Panama. Le 5 juillet de la même année, Lesseps rachète les droits de la concession Bonaparte-Wyse. Le 8 juillet sont déposés les statuts de la compagnie universelle du canal interocéanique de Panama et Lesseps procède à l'émission du capital de la compagnie, mais cette émission fut un échec. On ne recueillit que 300 millions sur les 400 demandés.    

Cependant, Ferdinand de Lesseps ne renonce pas à son projet : il arrive au Panama avec sa famille le 30 décembre 1879. Après son séjour à Panama, il part pour New York. La population new-yorkaise lui réserve un véritable triomphe. Malheureusement, dans les sphères politiques, son entreprise se heurte à une forte opposition. Depuis 1823, les Etats-Unis cultivent et développent la doctrine Monroe, suivant laquelle aucune emprise étrangère sur le territoire américain ne saurait être tolérée. Les dirigeants américains reçoivent Lesseps avec courtoisie, mais ne lui cachent pas qu'ils s'opposeront par tous moyens à son projet. En octobre 1880 est créée la Compagnie universelle du canal interocéanique. Charles de Lesseps, fils de Ferdinand, s'occupe de l'émission du capital (300 millions de francs) qui a lieu en décembre 1880.

Les travaux, commencés début 1881, connaissent de sérieuses difficultés dues aux conditions climatiques (précipitations abondantes), géographiques (Cordillère des Andes) et sanitaires (fièvre jaune, malaria). Un obstacle est constitué par le seuil de la Culebra (altitude de 87 mètres). Lesseps, commet l'erreur de vouloir un canal à niveau comme à Suez. Il mettra deux ans à se laisser persuader que la solution est un canal à écluses. Fin 1887 Lesseps fait appel à Gustave Eiffel pour la construction des écluses.

La situation financière s'aggrave : la liquidation de la Compagnie universelle du canal interocéanique de Panama est prononcée le 4 février 1889. En 1891 une plainte est déposée pour fraude et abus de confiance contre Ferdinand de Lesseps, Charles et les administrateurs de la Compagnie du canal. Le 9 février 1893 la Cour d'Appel de Paris condamne les Lesseps à 5 ans de prison et 3 000 F d'amende. Seul son grand âge - 88 ans - évita à Ferdinand l'exécution de la peine. Le 15 juin 1893, la Cour de cassation casse le jugement de la Cour d'Appel et libère les condamnés.

Simultanément, le 8 mars 1893, s'ouvre en Cour d'Assises, le deuxième procès intenté aux dirigeants de la compagnie de Panama, cette fois, pour corruption de parlementaires. Parmi les accusés, cinq parlementaires figurent à côté de Charles de Lesseps (fils de Ferdinand). La Cour d'Assise finira par condamner Charles de Lesseps à un an de prison, peine confondue avec la peine correctionnelle ; il sera libéré après 6 mois de détention.

Mais l’histoire réhabilitera nos Bayonnais : les fondations creusées par Lesseps furent suffisamment solides pour permettre aux Etats-Unis de mener à bien cette construction au début du XXe siècle. Elu en 1884 à l'Académie Française où il fut reçu par Ernest Renan, Ferdinand de Lesseps s'éteignit le 7 décembre 1894 et fut inhumé au cimetière du Père Lachaise à Paris au milieu de funérailles nationales.

Alexandre de La Cerda

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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ADLMDDM | 24/11/2017 15:10

Grand MERCI pour toutes ces précisions dans les deux parties, qui régénèrent bien des connaissances en partie effacées... L'affaire financière m'a toujours parue être un "coup monté". A la lumière des événements récents qui font émerger le fameux " DEEP STATE" à la surface, l'ancien TAVISTOCK INSTITUTE et sa descendance comme la CIA sont maintenant reconnus comme opérant sous couvert de l'économie et assassinant en "cols blancs" les entreprises et les Etats visés. Votre rappel de l'opposition des USA au projet DE LESSEPS me remémore bien des faits bizarres, justement financiers, étudiés il y a plus de quarante ans... Rien n'arrive jamais par hasard ! Et la volonté de noircir DE LESSEPS ma paraît caractéristique d'une manœuvre ennemie occulte !? Il faudrait être encore bien "jeune" pour croire que les USA seraient nos "amis", ni même seulement nos "alliés". Si j'aime beaucoup le Peuple américain profond, par contre son Gouvernement est incontestablement, avec celui de l'Angleterre de Winston CHURCHILL, notre ennemi juré de longue date.

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