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Enchères «nouvelle vague » pour les marteaux des Lelièvre
Enchères «nouvelle vague » pour les marteaux des Lelièvre
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| Anne de La Cerda 1034 mots

Enchères «nouvelle vague » pour les marteaux des Lelièvre

Issu d’une troisième génération de commissaires-priseurs, Arnaud Lelièvre, à l’allure chic et sport, dépoussière avec son épouse Florence Cabarrouy-Lelièvre, plus sophistiquée, les lustres de la profession dans leur étude à Saint-Jean-de-Luz.

A l’origine de ce renouveau, la loi favorisant la libre circulation des services promulguée en juillet 2000 qui autorise les commissaires-priseurs à posséder des charges en France où à l’étranger, et vice-versa.

Une occasion pour ce jeune couple de créer un bureau d’étude à l’anglo-saxonne adapté à un nouveau marché plus dynamique.

Par le biais d’Internet, bénéficiant également des nouvelles technologies et d’un référencement très performant, les transactions des enchères venues du monde entier sont retransmises en live. « Les internautes peuvent ainsi participer en direct à nos ventes. Nous augmentons notre chiffre d’affaire grâce à cette clientèle étrangère au fort potentiel. Cependant nous conservons également les donneurs d’ordre par téléphone. Paradoxalement, le nombre des clients qui viennent sur place en salle à Saint-Jean-de-Luz s’accroît. Ce nouveau dynamisme créé une émulation », explique la jeune commissaire-priseur.

Une émulation qui émane aussi de la famille Lelièvre. Commissaires-priseurs de père en fils depuis trois générations, ils sont aujourd’hui sept à s’entraider avec Florence Cabarrouy-Lelièvre, première femme commissaire-priseur de la famille Lelièvre.

Avant d’avoir effectué des stages chez Christie’s et Sotheby’s et passé les examens de commissaires-priseurs, le futur couple avait poursuivi des études et des parcours différenciés. Originaire de Chartres où il est né en 1983, diplômé de Sciences-Po et d’histoire de l’Art à la faculté de Tolbiac à Paris, Arnaud Lelièvre, encore en culottes courtes, avait déjà hérité du marteau de son grand-père. Pour sa part, Florence Cabarrouy, née à Pau en 1989, avait grandi dans le giron basco-béarnais avant de passer un DES de Droit et poursuivre des études d’histoire de l’Art à Bordeaux, puis à l’école du Louvre à Paris.

Une nouvelle étude luzienne

Installés depuis 2013 entre leur habitation de Biarritz et leur hôtel des ventes à Saint-Jean-de-Luz (ainsi qu’un bureau ouvert à Paris dans le 9ème arrondissement), le couple a choisi de se spécialiser dans les œuvres d’art, contrairement à certains confrères qui traitent des entreprises en faillite. Arnaud Lelièvre affectionne plus particulièrement le mobilier des XVIIe et XVIIIèmes siècles, même si la tendance est à l’Art Déco ! « Aujourd’hui les modes passent plus vite, certains objets ne reviendront plus sur le devant de la scène. Par exemple les trop hautes armoires d’époque sont malheureusement enterrées. Les logements modernes ne peuvent donc plus accueillir ces meubles devenus encombrants par leur hauteur et difficilement transportables. L’espace architectural s’est réduit et les modes de vie ont changé », expliquait encore Arnaud Lelièvre au cours d’une vente caritative au profit des enfants du Cambodge lors d’une soirée à l’Hôtel du Palais.

Florence Cabarrouy-Lelièvre préfère au mobilier la peinture, et plus particulièrement les tableaux du XIXème. « Chaque mercredi, vous pouvez apporter gratuitement vos toiles, vos meubles etc., nous vous donnerons un premier avis sur la nature et la valeur de vos biens », propose la commissaire-priseur. « Il est préférable que vos objets soient en bonne état. S’il faut les restaurer, ils perdront tout de suite beaucoup de valeur », ajoute son mari.

« Lors des expertises, nous sommes amenés à effectuer des recherches sur les objets. Par exemple, nous avons eu à expertiser un très beau paravent à trois feuilles signé Lalique-Haviland. Après de multiples études, nous sommes arrivés à la conclusion que la discrète Suzanne Lalique fut la principale dessinatrice du paravent. C’est elle qui avait été à l’origine de la plupart des dessins de Lalique. La mise aux enchères est l’apothéose d’un travail invisible et préparatoire qui peut durer des mois ».

L’Art Basque en exergue

« Nous nous sommes également spécialisés dans l’Art Basque », continue la commissaire-priseur. Un engouement qui a été suscité par les historiens d’Art qui nous ont ouvert ce marché grâce à des écrits, telle l’étude très intéressante sur Ramiro Arrue publiée par le conservateur du Musée Basque Olivier Ribeton (J&D, 1991), ou celle que Pierre Minvielle a consacrée au peintre « Pablo Tillac » chez Atlanica. « Nous organisons aussi des conférences qui contribuent au dynamisme de notre étude. L’année passée, Valérie Lannes était venue présenter son ouvrage sur l’architecte Joseph Hiriart, auteur de sa maison Art Déco « Leïhorra » (également chez Atlantica). En 2014, nous avons réalisé l’intéressante vente de la Collection d’Art Basque (273 lots) d’un grand amateur vendue 540 000 € ».

« Concernant l’art moderne, j’apprécie beaucoup l’Ecole basque actuelle, le groupe Gaur avec Chillida, Oteiza et combien d’autres incontournables. Cependant, la valorisation de 80 % des œuvres contemporaines sont dues à la spéculation », poursuit Florence Cabarrouy-Lelièvre.

Quels furent les florilèges de l’année 2015 à Saint-Jean-de-Luz ?

« Tout d’abord sur le plan artistique, la toile poétique du port de l’Ile d’Yeu de Jean Dufy frère du peintre Raoul Dufy, adjugée 72900 €. Sur le plan historique, nous avons réalisé la vente prestigieuse de la collection privée d’un ambassadeur. Parmi les nombreuses médailles de sa collection figurait le livre d’histoire sur le siège de Metz en 1553 pour le Maréchal Foch, relié en cuir à la feuille d’or, qui fut adjugé 41 310 €, ainsi que des miniatures qui me plaisaient. Pour moi, les valeurs historiques et artistiques les plus intéressantes ne sont pas forcément, en termes de prix, les plus importantes », ajoute Arnaud Lelièvre. Ensuite, nous avons eu une vente très prestigieuse de bijoux. La bague « Harry Winston » en platine ornée d’un diamant taillé en navette fut achetée par un client estival pour la somme de 109 350 € », précise Florence Cabarrouy-Lelièvre.

Quelles sont vos projets futurs pour l’année 2016 ?

« Nous souhaitons développer le thème du sport : surf, golf, rugby, continuer les bijoux, la mode, et présenter aussi des objets de céramiques tels ceux de Cazaux »…

Quels conseils pouvez-vous donner à vos clients ?

« Acheter un objet avant tout si c’est un coup de cœur ! Les modes évoluent vite et dépendent de la situation économique : après la Chine, c’est l’Inde qui a le vent en poupe » !

Côte basque Enchères, 8 Rue Dominique Larrea, 64500 Saint-Jean-de-Luz – 

Anne de La Cerda

Article publié par Anne de la Cerda dans la semaine du Pays Basque

 

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