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Exposition
« D’une guerre à l’autre » : du nouveau pour l’exposition de Pablo Tillac au Musée Basque
« D’une guerre à l’autre » : du nouveau pour l’exposition de Pablo Tillac au Musée Basque
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| Anne de Miller La Cerda 1018 mots

« D’une guerre à l’autre » : du nouveau pour l’exposition de Pablo Tillac au Musée Basque

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A partir de mardi prochain 26 mars, c’est une présentation renouvelée de l’exposition « D’une guerre à l’autre » (dont il est le commissaire) que proposera le conservateur du Musée Basque Olivier Ribeton. Elle rassemble au musée bayonnais plus de 300 portraits de militaires esquissés avec le talent par Jean-Paul (dit « Pablo ») Tillac. Une collection sur l’art militaire qui provient principalement du musée des Beaux-Arts de Reims ou de collections privées venues de Cambo, dont celle du Palois Pierre Minvielle.
Dessinateur prolifique, peintre-graveur, illustrateur et sculpteur, Jean-Paul Tillac (1880 Angoulême-1969 Cambo) a connu trois guerres, celles de 14-18 et de 39-45) en France, puis la guerre civile d’Espagne (1936-1939), dont les répercussions ont été fortes dans le Pays Basque de France.

Issu d’un milieu de la bourgeoisie provinciale, son père agrégé enseigna avec rigueur le latin et le grec à Niort où Jean-Paul Tillac passa son enfance. Plus fantasque que son père, l’artiste s’enticha d’art antique et de  préhistoire  sous le trait précis de ses maîtres Jean-Louis Gérôme,  le graveur Charles Walter, pour la mise en page Charles Fouqueray… et découvrit l’art animalier avec Emmanuel Frémiet et Gustave Jacquet pendant ses études aux Beaux-Arts à  Paris où il avait reçu une bourse.

Jusqu’en 1910, il séjourna régulièrement à Washington, à New York, à la Nouvelle-Orléans et enseigna le dessin au Texas, puis partit pour l’Angleterre. De retour en 1911, il maîtrisait couramment l’anglais..

Réformé pour des raisons de santé dès le début de la guerre, Jean-Paul Tillac utilisera ses talents d’interprète en anglais tout en se lançant dans l’art pictural du portrait militaire. Son expérience américaine d’avant-guerre l’incita à faire figurrer dans ses dessins des soldats américains débarqués fin 17 en Gironde.

Dans le Sud-Ouest, les bases de Pauillac-Trompeloup et du Cap-Ferret avaient accueilli une escadrille d’hydravions qui assuraient le  montage, l’entretien et les réparations de l’ensemble des appareils utilisés par les Etats-Unis en Europe.

170 dessins de Tillac furent  ainsi regroupés dans une collection du musée des Beaux-Arts de Reims par l’ingénieur Julien Lemétais qui avait  acquis 3000 œuvres de 150 artistes. Parmi les nombreux témoignages picturaux, ceux de Tillac rappellent l’arrivée de l’armée américaine en France entre 1917 et 1918. Des dessins où se dévoile l’art de vivre à l’américaine : la pratique du base-ball, du football, mais aussi des amourettes et le goût des cigares (voir illustration) !

Dans cette première partie  de  la Guerre de 14-18, la souffrance semble absente de ses dessins. Un premier témoignage en totale opposition avec  celui de la seconde guerre de 39-45 où l’artiste anthropologue dévoile avec causticité la cruauté des tortures et des assassinats dans les camps de concentration nazis.

L’Entre-deux-guerres et la découverte du Pays Basque traditionnel rural et maritime, loin des mondanités des stations balnéaires, constitue pour celui qui signe « Pablo Tillac » un enchantement. En 1919, l’artiste rendit visite à son frère Henri malade à Cambo et décida de s’y établir définitivement, atteint lui-même d’une affection aux bronches. Loin des mondanités, presque philanthrope, l’artiste préférait croquer la vie rurale basque, décrivant la vie des paysans ou des pêcheurs. Il fit partie de la « Société des sciences, lettres et arts de Bayonne » et de la « Société d'études basques ».

Parallèlement aux deux guerres mondiales, Jean-Paul Tillac découvrit le Pays Basque Sud. Entiché d’art ibérique, il ajoutera le prénom de « Pablo » dans ses croquis d’avant-guerre.

Tillac aura aussi côtoyé la guerre civile d’Espagne (1936-1939). A l’aide de son burin, de sa plume ou d’un fusain, le dessinateur  décrivit avec véhémence les manifestations communistes et anarchistes qui piétinaient le Christ et incendiaient les églises. S’inspirant du fameux cliché du 5 septembre 1936 de Robert Capa, il montre la mort, prise sur le fait, d’ un anarchiste combattant Federico Borrell García, dans les rangs républicains. Ambigu dans ces mêmes années, Pablo Tillac rendit hommage à Federico García Lorca (1898-1936), poète et dramaturge, exécuté en août 1936 entre Viznar et Alfacar par des milices franquistes.

Le biologiste et naturaliste Claude Dendaletche, spécialiste de l’œuvre de Pablo Tillac,  témoigne à son sujet : « Tillac haïssait la guerre, limpérialisme des idéaux imposés, le fanatisme des nationalismes excessifs ». Sa violence, l’artiste l’exulte dans ses œuvres.

Au-delà de l’aspect descriptif scientifique précis, Pablo Tillac dévoile avec brio l’architecture de l’âme humaine.

Exposition « D’une guerre à l’autre » de Jean-Paul Tillac au Musée Basque et de l’Histoire de Bayonne jusqu’au 26 mai. Fermé le lundi.

A propos   mercredi 3 avril, conférence "La genèse de la collection Tillac d'Assantza à Cambo". Tillac illustrateur de livres par Claude Dendaletche dans le cadre de l’exposition Pablo Tillac. D’une Guerre à l’autre (1914-1945)

Le centre culturel Assantza à Cambo héberge environ 1600 œuvres de Pablo Tillac et de nombreux papiers et documents personnels. L’ensemble fut rassemblé par trois personnes très liées à la vie du village : Paul Faure (le confident d'Edmond Rostand), Robert Poupel (érudit et ancien conservateur d'Arnaga), Roger Lagisquet-Bota (chroniqueur de pelote basque).
Avant de s'intaller au Pays Basque, Tillac fut un illustrateur de livre très prisé par plusieurs éditeurs parisiens (Delagrave, Calmann-Levy, Crès et Cie, Henry Cyral) et régionaux de France et d'Espagne. Il illustra aussi bien Jack London que J.O. Curwood ou le Ramuntcho de Loti, soit plus de quarante livres.
Salle Argitu, entrée libre.

2019ko maiatzaren 26a arte ikusgai !

Baionako Euskal Museoak aurkezten ditu Pablo Tillac (« Handia » izenatua) egin zituen sinestezin nazionalitate soldadoen potretak horietako 100 Reims-eko Museoak prestaturik (martxoaren 26an, Tillac-ek Gerla desberdinetako Arte Ederren marrazki batzuk aldatuak izanen dira). Bordalen ziren Amerikar Mariñelak, baseball jokalariak, cowboy-ak zaldien gainean, soldado beltzak dantzatzen ari, magrebiarrak, soldatuak pausatzen ari borroka larrietatik urrun. Euskal Herriaren ezagutza obra batzuen zehar erakutsia da ere bai. Irudi ilunetan Espaniako Gerlan helduko diren kaosak agertzen dira. Ondoren, bere okupazio alemaniarraren lekukotasuna ematen du, Bigarren Munduko Gerlaren bukaeran egunkarietan hedatuak ziren hilketa agerraldiak iruditzen ausartuz. Bai arkatzak, bai tintak, bai sangina arkatzak, bai pastelak bere tresnak dira garai hartako mundu nahasi edo mundu baketsuak marrazteko. Marrazki-sail argitaragabe horrek euskal eskolako espresionista handi horren lan ederra eskaintzen du, alta orain arte Euskal Herriko marrazki bukolikoentzat gehiago ezagutua zen.

 

Tillac à Cambo, assis au bord de la Nive
Tillac à Cambo, assis au bord de la Nive © DR
Tillac à Cambo, assis au bord de la Nive

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