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Exposition
Couleurs, musiques et mystique du Carnaval
Couleurs, musiques et mystique du Carnaval
© Patrick Tohier

| Anne de Miller-La Cerda 802 mots

Couleurs, musiques et mystique du Carnaval

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En cette saison hivernale, au Pays Basque et en Europe, le Carnaval au rituel religieux et païen serpente à travers les villages dont les habitants se pareront de leurs originaux costumes colorés et chamarrés.
L’origine de cette tradition remonterait à la période paléolithique (15 000 à 10 000 ans av. JC) et se développa pendant l’Antiquité pour se concrétiser à l’époque chrétienne qui l’avait adoptée malgré ses certains rites païens. Au XVIIIème à Pampelune, pendant le carnaval, l’Eglise avait interdit le port des armes à feu car, sous les masques, se déroulaient de discrets règlements de compte !
Le mot carnaval vient de l'italien carnevale ou carnevalo. Il a pour origine carnelevare, un mot latin formé de carne « viande » et levare « enlever », ce qui signifierait « entrée en carême ».
En Europe, le carnaval commence le jour de l’Epiphanie et se termine en général le Mardi-Gras, à la veille du Mercredi des Cendres. A l’Est, par exemple en  Russie, appelé Maslenitsa, le carnaval se déroule pendant la première semaine du carême. 

Source d’inspiration des artistes
Le carnaval brave ainsi les interdits les enterrant l’hiver pour les réactualiser lors de la nouvelle cosmogonie. Sous le masque, le roi devient un simple habitant et le villageois se métamorphose en roi bousculant les codes sociaux. Exutoires, ils ont ainsi inspiré les artistes. 

En musique, Maurice Ravel - dont le répertoire est réputé contenir des éléments de musique basque - avait reproduit le coup de fouet du Txerrero souletin au tout début de son Concerto en sol.

En peinture, de nombreux artistes du Pays Basque, tels Pablo Tillac, Achille Zo ou encore le peintre-poète contemporain Paul Jauréguy déploient leur Zamalzain à la gestuelle séculaire d’entrechats rapides autour d'un verre de vin. Personnage énigmatique à la tête couronnée d’une toque à plumes d’autruches, il est habillé d'une veste rouge flamboyante et d’un cerceau juponné de dentelles stylisant un cheval qui fascine par l'agilité de son pas. L'homme cheval de la mascarade forme un dérivé du carnaval souletin (habits influencés par les soldats napoléoniens). 

Au Pays Basque
C’est en Soule et dans quelques villages navarrais que l'on trouverait encore l'image la plus authentique de cette tradition carnavalesque dont l’une des plus célèbres pour sa diversité est celle de Lantz, village situé à 50 Km d’Irun en direction de Pampelune. Personnage central, Miel Otxin, bandit qui représente les mauvais esprits, à l’effigie d’un géant de quelque trois mètres de haut, domine toute la fête. A ses pieds, le porteur affublé de tiges de verdure coiffé d'un bonnet couvert de rubans, les bras écartés, annonce le printemps. Miel Otxin est alors exécuté à coups de fusil avant d’être brûlé sur la place du fronton  au rythme du txistu (flûte très ancienne qui remonte à plus de 15.000 ans) et du tambourin. Tout autour du bûcher, les habitants, les Txatxo, dansent le zortziko, engainés dans des peaux d'animaux ou de vieux vêtements. 
Quant aux mascarades souletines, on y voit la succession des danses des rouges, les Gorriak, chargés de galons, comprenant parmi eux le « Txerrero » qui ouvre la danse avec son balai de crin. Au-delà, participent l'Enseinan ou porte-drapeau, et les Kukulleruak ; les Marixalak ou maréchaux-ferrants qui « ferrent » le Zamalzain suivent  la Cour des Miracles ambulante des Beltzak ou « Beltzeria », « habillés de lambeaux noirs »…
Depuis plusieurs années, d’autres formes nouvelles de carnavals sont apparues, tel celui du village d’Oyarzun, près d’Irun, ou celui à Ustaritz du festival "Hartzaro", qui signifie la saison de l’ours à son réveil.  
"Hartzaro" fêtera ses 35 ans en mars prochain. Le musée Basque a souhaité rendre hommage à cet événement fantastique en présentant des costumes, accessoires et photos de Michel Palmiero, Patrick Tohier, Thierry Truffaut et d' Anne-Marie Galé... Si "Hartzaro " est ouvert, d'autres carnavals souhaitent rester à l'abri des touristes.

Jusqu’au 14 février, exposition « Hartzaro, de l’ombre à la lumière », Salle Xokoa, entrée libre au musée Basque (37 Quai des Corsaires à Bayonne). Ouvert tous les jours sauf lundi de 10h30 à 18h. Mardi 12 février à 18h30, une conférence sur les pratiques musicales et dansées à Ustaritz sera proposée par Pierre Haira.

Vendredi 1er février à Saint-Palais (Complexe Saint-Louis à 20h30), samedi 2 février à Saint-Jean-de-Luz (Auditorium Ravel à 17h) et dimanche 3 février à Saint-Pée-sur-Nivelle (Espace culturel Larreko à 17h),  l’Orchestre Symphonique du Pays Basque, Iparraldeko Orkestra, propose un cycle de concerts autour du Carnaval des animaux de Saint-Saëns et du Carnaval de la forêt de Huillet. L’orchestre se produira en formation chambriste accompagné de la comédienne Claire Grimbert, du Théâtre des Chimères. Deux séances pédagogiques auront lieu jeudi 31 janvier au matin exclusivement pour les scolaires. Un joyeux moment pour toute la famille, gratuit pour les moins de 22 ans. A cette occasion, le compositeur Thierry Huillet sera présent au Pays Basque.

 

Les Gorriaks
Les Gorriaks © Anne-Marie Galé
Les Gorriaks
Carnaval Hartzaro
Carnaval Hartzaro © DR
Carnaval Hartzaro

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