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Musique
Chopin et Chostakovitch à travers leur musique et leurs lettres
Chopin et Chostakovitch à travers leur musique et leurs lettres

| Alexandre de La Cerda 746 mots

Chopin et Chostakovitch à travers leur musique et leurs lettres

Ne ratez pas le prochain concert du Belharra Trio mardi 24 avril à 20h30 à l'église de Saint-Jean-de-Luz car sa thématique, particulièrement intéressante, mêle savamment la musique et les Lettres. En effet, dans le cadre de leur programmation « Au fil des saisons » et après les succès des deux premiers concerts - « Hommage à Ravel » donné au musée historique de Biarritz et un ciné-concert autour de deux films d'Harold Lloyd au cinéma l’Atalante de Bayonne, le Belharra trio propose cette fois à Saint-Jean-de-Luz un concert-lecture « Compositeurs en exil ».

Yves Bouillier et ses amis musiciens a choisi de nous emmener à la rencontre de l'intimité de Chopin et Chostakovitch, deux compositeurs qui ont placé leurs combats et une forme de solitude dans la musique de leur trio. La musique croisera ainsi les mots de la comédienne Isabelle Quirin qui fera découvrir les échanges épistolaires de Chopin et Chostakovitch. Et on retrouvera le violoniste Patrick Prunel et le violoncelliste Yves Bouillier accompagnés au piano par Lutxi Nesprias qui remplacera en la circonstance Damaris Alsunard, provisoirement empêchée pour des raisons de santé.

On entendra d’abord le Trio op. 8 en sol mineur pour piano, violon et violoncelle que Chopin avait dédié au prince Antoine Radziwill : dans une lettre à son ami Tytus Woyciechowski datée du 31 août 1830, le compositeur franco-polonais se demandait s'il n’aurait pas dû écrire la ligne de violon pour alto, croyant que le timbre de l'alto « s'accorderait mieux avec le violoncelle ».

On conserve par ailleurs une correspondance fournie entre George Sand – qui vivait avec Chopin - et le peintre Delacroix, ami proche du compositeur et qui avait peint dans son atelier parisien de la rue des Marais en 1838 un portrait réunissant Chopin, assis devant son piano Pleyel, et George Sand l’écoutant cigarette à la main. L’œuvre sera par la suite coupée en deux parties, celle où figurait Chopin se trouvant au musée du Louvre alors que celle avec George Sand aboutira au musée Ordrupgaard à Copenhague. Delacroix était enthousiaste sur son amitié avec le musicien : « J’ai vraiment eu avec Chopin des tête-à-tête à perte de vue parce que je l’ai vraiment beaucoup apprécié, que ce soit le musicien, le pianiste, un homme d’une grande distinction, d’une distinction rare, et c’est l’artiste le plus vrai qu’il m’a été donné de rencontrer. Il est vraiment de ceux, en petit nombre, que l’on peut admirer ». Lors de sa séparation d’avec George Sand, Chopin fera lire à Delacroix la lettre de rupture de George, qu’il jugeait atroce : « Pauvre femme », dira le peintre et Chopin ajoutera : « huit années de vie rangée, c'était trop » ! Leur amitié va durer jusqu’à la mort du compositeur, et même « au-delà » dans la mesure où c’est Delacroix qui réunira les fonds nécessaires afin d’offrir à son ami la sépulture qu’il méritait au Père Lachaise à Paris. Le reste de la correspondance conservée de Chopin - plus de six cents lettres, parmi lesquelles toutes celles adressées à Chopin par George Sand – montrent toute « l’affection du compositeur pour sa famille, vénérant son pays, foncièrement bon et dévoué en amitié comme en amour, spirituel, passionné et tendre, sans détours ni calculs d’aucune sorte ».

La deuxième œuvre interprétée par Belharra sera le Trio n°2 en mi mineur op.67 de Chostakovitch écrit en 1944, soit vingt ans après son premier trio, qui reprend entre autres un thème musical juif traditionnel dans son dernier mouvement. Dédié à la mémoire de son ami Ivan Sollertinsky, décédé en février 1944, sa première fut donnée le 14 novembre 1944 à Pétersbourg, dans la Grande Salle de la Philharmonie qu’avait dirigée Sollertinsky. Quant à la correspondance adressée entre 1941 et 1975 par Chostakovitch à son ami Isaac Glikman, professeur au conservatoire de Saint-Pétersbourg, elle dévoile le compositeur et l'homme dans ses enthousiasmes, ses bonheurs, ses peines depuis 1941 jusqu'à peu avant sa mort. Des réflexions sur ses œuvres en gestation, sur ses conditions de vie difficiles, sur ses lectures et intérêts, permettent de saisir l'homme et d'apprécier son attachante personnalité.

Mardi 24 avril à 20h30 à l'église de Saint-Jean-de-Luz, concert-lecture « Compositeurs en exil » par le Belharra trio : Lutxi Nesprias, piano, Patrick Prunel, violon et Yves Bouillier, violoncelle. Entrée : 30 € - adhérents du Belharra Trio : 20 € - gratuit étudiants et - 18 ans.

Réservations : Office de tourisme (tél. 05 59 26 03 16 ou www.saint-jean-de-luz.com) ainsi que Boutique Lartigue 1910.

Alexandre de La Cerda
Photo : Le portrait « reconstitué » de Chopin et George Sand par Delacroix

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