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Histoire
Carnaval, de Biarritz à Anglet, Saint-Pée, Garazi et Cambo
Carnaval, de Biarritz à Anglet, Saint-Pée, Garazi et Cambo
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| La Rédaction 1846 mots

Carnaval, de Biarritz à Anglet, Saint-Pée, Garazi et Cambo

 

Un carnaval « original » se déroulera à Biarritz ce vendredi 2 février à 18h30 dimanche 4 février à 11h, à la suite d’un travail de réflexion sur les fondements des fêtes carnavalesques opéré par la Compagnie de danse « Maritzuli » associée à un collectif d’associations. Nous leur cédons volontiers la plume, ou plutôt le clavier.

De nos jours encore, dans certains milieux intellectuels (voire qui se dit intello), il est de bon ton de mépriser le folklore. Il est vrai qu’il se trouve des folklores à éviter, fabriqués de toutes pièces à des fins de promotion commerciale et touristique. Mais sous toutes ces latitudes, se maintiennent, bien vivantes, des coutumes ancestrales vécues avec ferveur par les participants.

C’est d’autant plus remarquable que nous vivons une époque où seuls comptent la productivité et le rendement. Voilà qui mérite réflexion : Quelle force, quelle énergie mobilise de telles foules pour un exercice aussi futile ?

Entre le présent pas toujours drôle, et un avenir incertain, il y a ce rêve éveillé où il est tout à coup possible d’être autre chose que ce que nous sommes…

Rupture de la monotonie quotidienne, compensation aux contraintes de la vie sociale, la fête contribue à l’équilibre et à la santé mentale.

Toutes les civilisations ont leurs fêtes. Religieuses ou profanes, familiales ou publiques, la plupart visent, en fait, à intégrer l’individu au groupe social, à renforcer la cohésion du clan.

Le carnaval est une fête d’exception…

Elle dérape dans le sarcasme, dans la dérision de l’ordre établi. Le carnaval tourne en ridicules l’autorité du pouvoir. Il brave les interdits et la morale. Pied-de-nez aux pisses-vinaigre et aux puritains de tous bords, il ouvre la vanne au libertinage, aux fantasmes, aux désirs refoulés.

Par convention, pour quelques jours, l’ordre social est aboli. Les aristocrates s’encanaillent. Le manant se déguise en roi et les servantes jouent les duchesses. Demain tout rentrera dans l’ordre…

Le mardi gras est la veille du « mercredi des cendres » qui ouvre la période de jeûne et d’abstinence chrétien quarante-sept jours avant Pâques.

Quant au mot Carnaval, il est probable qu’il dérive de l’italien carne vale : « adieu à la viande », en référence à l’interdit de la viande durant carême.

Mais la viande n’était pas le seul fruit défendu. Les « plaisirs de la chair » doivent être compris au sens large. La prohibition concernait le dessous de la ceinture autant que l’estomac.

On peut donc imaginer qu’à la veille de six semaines de mortification et d’abstinence, nos ancêtres étaient tentés de mettre à profit les derniers « jours gras » pour prendre un large acompte sur les plaisirs de ce bas monde.

La perspective des privations imposées explique la grivoiserie et la licence des mœurs autant que la mangeaille et les beuveries rituelles.

L’éveil de la nature au printemps à toujours émerveillé et émerveille encore aujourd’hui.

En des temps où les techniques agricoles rudimentaires mettaient la survie même à la merci du moindre aléa climatique, la notion de sacré était liée aux forces de la nature que l’homme tentait de comprendre et de se concilier.

L’hiver était une période redoutable, période sombre, d’inaction, liées à la mort et où il fallait survivre sur de maigres réserves. Hommes sauvages, cornus, incarnaient les puissances associées à l’hiver.

On faisait la fête pour réveiller le temps. On se grimait le visage à la suie ou au charbon de bois. On se déguisait de toiles de sac, de haillons, de peaux de bêtes ou de feuillages. Les masques étaient de toile, de bois, de métal ou d’écorce. Les cloches et les sonnailles étaient empruntées aux troupeaux. Les coiffes étaient affublées de branches, de cornes.

Pour inciter au renouveau du jour, les danseurs de décoraient de fleurs, de fruits, de rubans volants a tous vents. Ils se chargeaient de grelots, de miroirs.

Parallèlement les groupes de danseurs, musiciens et les groupes de sauvages, sonneurs, vieux s’organisaient en une fête somme toute sans règle apparente mêlant musique et vacarme mais aussi ordre et désordre, beau et laid.

Les feuillus faisaient danser les arbres, les tintamarres envahissaient tous les coins et recoins, et les danseurs faisaient chanter le bois de leurs bâtons.

Le carnaval faisait danser l’ours de retour de son hibernation.

Le carnaval est d’abord la fête du printemps qui revient. Et sur le carnaval se sont reportés de vieux cultes et croyances païennes.

Evoluant entre tradition et innovation, chaque carnaval s’est inventé un style et une ambiance particulière. Solennelle ou burlesque, martiale ou féérique, élégante ou paillarde, la fête prend mille visages.

Liturgies grandioses, défilés, parades, cavalcades, mascarades, beuverie ou farandoles joyeuses, l’important est que le carnaval conserve son caractère provocateur, contestataire, anticonformiste qui est sa caractéristique essentielle.

Biarritz

La compagnie Maritzuli propose de relever le défi d’un travail original pour un carnaval spécifique original et dynamique (travail projeté sur plusieurs années) en lui associant les trois groupes historiques de danse basque de la ville - les Ballets basques Oldarra ainsi que les groupes Pinpirinak et Amalabak eta seme – et diverses associations, depuis le théâtre du Versant jusqu’à Esprit St-Charles en passant par Arroka et bien d’autres.

Depuis plusieurs années, on peut voir déambuler à l’occasion de la Saint Martin (11 novembre), la San Martin Ezpata Dantza offerte chaque année par la Compagnie Maritzuli Konpainia. Les quelques 100 danseurs et musiciens y font sonner leurs poignards et épées. Il faut noter que cette fête se positionne à une date dont le symbole est l’entrée en hibernation de l’ours personnage de haute importance dans les croyances anciennes. En parallèle à cette fête, le Carnaval avec ses danseurs, musiciens et personnages – tous masqués - célèbrera les 2 et 3 février dans la danse, le tintamarre, le retour de l’ours qui sort de son hibernation symbolique le jour de la saint Blaise le 3 février. 

Afin d’éviter les « copier-coller » qui ont fait la renommer des joaldunak d’Iturren et Zubieta, à tel point que le public ne sait même plus d’où sont issus ces personnages, nous avons donc choisi de ne reproduire quasi aucun d’entre eux lors du carnaval de Biarritz.

Le cortège sera donc composé d’une compagnie de sonneurs particuliers à Biarritz. Ils ont été conçus à partir des divers symboles du carnaval et des fêtes qui s’y rattachent.

Une compagnie de « Andere xuri » (pour la mascarade du vendredi 2 février) : ces personnages déambuleront dans les rues de Biarritz, habillés de leurs costumes blancs très particuliers dans l’idée des dames blanches qui apparaissent souvent la nuit dans les croyances anciennes. Sur cette image d’un personnage blanc qui illumine la nuit, douze Andere Xuri éclaireront avec les attributs symboliques de St Blaise la première mascarade nocturne de Biarritz. De plus, deux groupes de Makil Dantzariak (danseurs de bâtons) animeront ces mascarades. Ce sont les Ezpata Dantzariak de la San Martin Ezpata Dantza qui présenteront une série de danse de bâtons spécialement créées pour cette fête. Ces groupes de danseurs qui ont favorisé le 11 novembre l’entrée de l’ours en hibernation seront donc présents donc à ses côtés pour sa sortie lors de la mascarade du 2 février.

Quant à la mascarade du dimanche 4 février, elle alignera une compagnie de Zitzilak, danseurs qui accompagneront le défilé, avec une autre danse de bâton. Il faut savoir que les principales danses de carnaval sont des danses de bâtons et d’outres car le bois, le végétal doit sonner à cette période, il doit être réveillé et sorti de sa léthargie.

Le vacarme et le tintamarre étant un des principes de ces fêtes, douze zirtzilak aux costumes très particuliers et créés spécialement pour Biarritz seront de tous les vacarmes, pour sortir la Ville de son sommeil hivernal. Et comme partout en Europe les vieux et les couples de vieux, très présents dans les mascarades, symboliseront la vieille année qui s’est terminée… Enfin, une compagnie de mariés à laquelle le public pourra se joindre, clôturera un concours de mollets entre les couples de jeunes mariés.

Sans oublier une compagnie d’hommes sauvages – basa jaunak - couverts de peaux d’animaux, de sacs de toiles de jute, de végétaux de toutes sortes et de cornes d’animaux de toutes tailles et formes, dotés de masques grimaçants ou de toiles, représenteront la relation symbole du sauvage de l’animal et de la nature.

Une dizaine de couples de danseurs interpréteront le samedi une « oilhasko jokoak », danse qui permettait d’élire entre eux le couple qui dirigera la jeunesse.

Programme :

Vendredi 2 février à 18 h 30, départ de la Mairie de Biarritz - 20 h : Place Saubradiel – place des Halles. (Repli à Plaza Berri en cas de pluie) Vin chaud – animations – makil dantzariak.

Dimanche 4 février à 11 h, départ du square d’Ixelles, 12h h : Place Saubradiel – place des Halles. Makil dantzariak eta Oilhasko jokoak. Concours de mollets. Vin chaud – animations – bal

Bayonne

- Musée Basque, mercredi 21 février à 14h30 L’homme cheval du carnaval basque. Visite-atelier sur le carnaval basque avec la réalisation d’une koha (chapeau orné de danseur). Pour les 6 -12 ans. Durée 2h30. 4€/enfant. Sur inscription au 06 25 24 34 24 (12 enfants maximum). De plus, jusqu’au 8 février, exposition « Mascarades et Bohémiens » : un éclairage sur les mascarades de Soule et, par extension, les diverses formes similaires qui existent en Europe avec en relief un personnage important, le Tsigane ou Bohémien dont l’exposition aborde aussi l’histoire. Photographies et figurines. Par le collectif Hebentik. Salle Xokoa, entrée libre

- Le carnaval sera fêté cette année le samedi 10 février, avec le traditionnel jugement de San Pansar et le réveil de l’ours. Arrivée, à 15 h, de San Pansar avec l’ours et les hommes sauvages, qui sonnera le départ de la cavalcade à travers les rues de la ville.

Anglet

Ihauteri démarrera ce samedi à 18 h 30 au départ des installations des Genêts, sur le site de Choisy, rue de Hausquette. Les enfants des différentes écoles participantes se rendront sur l’esplanade de Quintaou où ils seront rejoints par le groupe de danse Angeluarrak. Procès et incinération de Zan Panzar à El Hogar. La soirée se prolongera avec le groupe d’Isturits Saltoka.

Saint-Pée-sur-Nivelle / senpere

À la médiathèque municipale ce vendredi à partir de 20 h, conférence avec projection de photographies du « Réveil de l’ours » par Beñat Zintzo Garmendia. Tout public. Entracte gourmand pour faire « gras » selon la coutume (Tél. 05 59 54 50 05 ou mediatheque@senpere64.fr).

Cambo

Ce dimanche 4 février, à la sortie de la messe, les Kaskarrot danseront quelques mutxiko et défileront dans le centre. Le 11 février, ils se retrouveront, au fronton du Bas Cambo aux alentours de midi.

Saint-Jean-Pied-de-Port/Garazi

Ce vendredi 2 février, « Santibate », la fête des zirtzil, symbole de l'hiver : à 19h, départ depuis la peña Urkulu et à minuit, repas de boudin à la peña Urkulu.

Le dimanche 11 février, le groupe de danse Garaztarrak animera les rues de la ville en compagnie des Zirtzil et des bertsularis : 9h30, cavalcade dans les rues. 11h, zirtzil, bertsulari et danseurs.

13h, marché couvert : repas. Contact : tél. 06 51 48 29 88               

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