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Histoire
Cambo : l’hommage à Chiquito
Cambo : l’hommage à Chiquito
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| Alexandre de La Cerda 929 mots

Cambo : l’hommage à Chiquito

Le dimanche 2 septembre sera dédié à Joseph Apesteguy, surnommé Chiquito, le champion de pelote né à Cambo en 1881. Chaque année, la ville de ce sportif émérite et le club sportif pratiquant sa spécialité organisent une journée festive en hommage à ce grand champion, les deux points forts de cette traditionnelle journée dominicale étant la messe avec la chorale et les danseurs du lieu, précédée par le fleurissement de la tombe du sportif. Sans oublier des compétitions dotées d’un trophée auquel il a donné son nom. Et cette année, on ne manquera pas de lui associer le nom de l’adjoint au maire kanboar René Zavaleta, récemment disparu, lui aussi natif du lieu – qui plus est, à « Harambidia », maison natale de Chiquito, comme il se plaisait à le rappeler – et qui était à l’origine de cette fête en l’honneur de Chiquito.

Or, la Pelote Basque ne jouissait pas d’une grande réputation internationale avant Chiquito de Cambo : avant que Chiquito ne passionne les souverains et la fine fleur de l’aristocratie qui fréquentait Biarritz et la côte basque, on ne trouve que rarement quelque mention de notre sport national : le roi Henri VII d’Angleterre aurait offert 100 guinées à un Biscayen qui avait joué devant lui. Louis XI, qui s’est arrêté au château d’Urtubie à Urrugne pour arbitrer l’éternel problème de la succession du royaume de Navarre, aurait fait venir à Paris un « remarquable joueur de pelote ».

En 1528, un voyageur vénitien semble mentionner l’existence de places de pelote en Labourd.

Et au « Trinquet Saint-André », on aurait vu jouer le 13 février 1701 le petit-fils de Louis XIV, Philippe V d'Espagne, avec ses deux frères…

Voici comment débuta la renommée de Chiquito : il se fit d’abord remarquer au fronton du Brun, construit en 1899 dans la propriété du conseiller municipal angloy Bernard Danglade qui avait assisté à la fameuse partie où le jeune Apestéguy avait battu le grand Arrué à Cambo.

Chiquito joua plus tard sur ce fronton devant le roi Léopold de Belgique, la Reine Nathalie de Serbie - laquelle avait déjà été initiée à la pelote par Otharré, grâce à l’entremise de Pierre Loti -, le roi d'Espagne Alphonse XIII et Edouard VII d'Angleterre.

Le pilotari connut ainsi l'amitié de grands artistes, de peintres, de poètes, de pensionnaires de la Comédie Françaises et de têtes couronnées qui l'invitaient à l'Hôtel du Palais après avoir assisté aux rencontres du Brun.

C’est Edouard VII qui s’enthousiasma le plus : il était séduit par la précision et la force d’un jeu qui n’admettait aucune manière indigne d’un gentleman… Ainsi, en avril 1908, Édouard VII vint assister aux fêtes de Sare ouvertes par les txistularis et les danseurs de Renteria. Accompagné d'une nombreuse colonie anglaise, il se mêla avec plaisir à une foule énorme de spectateurs. A la fin de la partie de pelote, le roi reçut de la municipalité un makila d'honneur gravé de  « Saratarren orroitzapena > souvenir des Saratar », tandis que Chiquito de Cambo lui remettait une chistera.

L’année suivante, le souverain britannique revint aux fêtes de Sare. Voici comment Chiquito racontait ses rencontres avec Édouard VII : « Un jour, à Sare, je jouai contre Trecet et Eloy. Édouard VII, assis sur un fauteuil, fumait un énorme cigare. Bientôt, il s’endormit… Guillaume Cazenave (devenu plus tard le grand ténor haspandar à l’Opéra de Paris, ndlr.) chantait les points sur le fronton. Le timbre de sa voix réveilla le roi. Il se frotta les yeux et demanda : - Où en est-on ?

- La partie est à peu près terminée, Majesté !

Édouard VII parut mécontent. Il m’appela vers lui : « Ne pourriez-vous pas recommencer, en reprenant avec l’écart existant au point où je me suis endormi ? »

A quelque temps de là, poursuit Chiquito, il m’appela à l’hôtel du Palais où il résidait :

Je fus introduit auprès de lui par le Gal Clarke. Le roi d’Angleterre me fit asseoir à ses côtés et me dit à brûle-pourpoint : « Le sport de la pelote basque m’enthousiasme. Croyez-vous qu’il puisse vivre en Angleterre ?

 – « Certainement, Majesté. » - «  Eh bien !, je vais faire édifier un fronton à Buckingham Palace et vous serez le professeur de la Cour d'Angleterre. Vous aurez un petit pavillon à vous. Et vous verrez que bientôt toute l'Angleterre jouera à la Pelote basque ! ».

Quel honneur pour Chiquito et pour celui qui avait permis ce succès ! Hélas, ajouta Chiquito avec une ombre de tristesse dans le regard, Edouard VII ne put réaliser son projet, deux mois plus tard, il mourait…

Durant toutes ces années, Chiquito avait gagné en célébrité et voyagé en Argentine, au Brésil et même en Egypte ; il était demandé de tous côtés et, partout, on lui fit des ponts d'or. Son prestige fut tel qu’aucun fronton ne pouvait pratiquement être inauguré sans lui, de Bordeaux à Toulouse et à Paris.

Et puis vint la grande saignée de 14-18 en Pays Basque. Quelle fut la part de la légende dans les exploits de Chiquito pour lancer les grenades au front avec ses chisteras ? Voyez notre article à ce sujet… Toujours est-il que notre champion revint avec la Croix de Guerre et la Légion d’Honneur.

Dimanche 2 septembre, messe à l’église Saint-Laurent à 10 h 30. Chants par le chœur mixte Arraga et spectacle de danses basques. À 16 h, dépôt d’une gerbe sous la stèle du fronton, suivie du spectacle de danses basques au fronton avec le groupe Ezpela d’Espelette. À 17 h, partie de pelote à joko garbi avec l’équipe locale. En cas de pluie, repli assuré au mur à gauche.

 

 

 

 

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