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Tradition
Basques et Compagnons du Tour de France.
Basques et Compagnons du Tour de France.
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| F.X.Esponde 776 mots

Basques et Compagnons du Tour de France.

1 – Le retour des Compagnons.
A l’heure de la reconstruction de Notre Dame de Paris nous revoyons le travail d’excellence réalisé par les Compagnons du Devoir du Tour de France au cours des siècles et depuis leurs réalisations à l’époque médiévale. Pas moins de trente métiers figurent dans le palmarès des œuvres patrimoniales désormais classées au Patrimoine Immatériel de l’humanité par l’Unesco, autour des matériaux nobles, le bois, la pierre, le verre, le cuir et bien davantage au fil du temps et de leurs chefs-d'œuvre récompensés.
Compagnon, un métier, un chemin de route symbolisé par le bâton sculpté (souvent par eux-mêmes), un apprentissage reçu d’un maître compagnon et le devoir de transmission aux jeunes recrues aspirants.
Au moyen-âge, ils s’illustrèrent autour des cathédrales, des châteaux, des maisons de maîtres et de bien d’autres réalités patrimoniales. Le Tour de France était leur espace de rencontres professionnelles dans leurs compétences individuelles. Jusqu’au XIXème siècle, où ils furent - selon les époques - admirés, repoussés ou rappelés pour leur exceptionnel travail de création unique. On évoquait alors leur « apogée », jusqu’à l’industrialisation de leur métier qui mit à mal leur singularité et leur travail.
En France, leur origine avérée est admirée, en Belgique, ils sont peu présents, au Canada et en Allemagne d’une manière différente des traditions françaises, au Royaume Uni ils n’ont guère le même style qu’en France.

2 - Les Confréries et les Corporations au Moyen Age étaient leur horizon dans leur devoir du savoir du métier et de sa transmission.
Chaque compagnon a ce devoir de former des nouveaux venus à la connaissance de son savoir.
En 2010, l’Unesco classera leur excellence dans l’Inventaire Patrimonial Culturel et Immatériel de l’Humanité.
Leur origine est mêlée de légendes et de références historiques autour de la figure de Salomon, de Maître Jacques et du père Soubise. Le compagnon est “celui qui partage le pain de son savoir” selon la traduction latine de sa définition. Une constance de leur origine séculaire entretenue avec un savoir-faire et le secret inhérent de cette excellence.
On trouverait peu d’archives de leur travail avant le XVIIIème siècle, sinon de leurs chefs-d'œuvre estampillés dans le patrimoine national.
Les corporations ou confréries firent les cathédrales, les compagnons suivirent sans doute avec quelques inflexions dans leur évolution.
L’écharpe de leur grade en quatre couleurs, bleu, rouge, vert et blanc qualifie leur hiérarchie interne dans l’ordre des mérites reconnus. Le Livre des Métiers paru en 1258 raconte leur origine, par Etienne Boileau. Leur indépendance et leur goût de circuler dans le Royaume de France se heurtera à l’Edit de Louis IX interdisant leurs déplacements ouvriers. Les devoirs”, à savoir l’exercice libre de leur métier est condamné par l’Ordonnance de Villers-Cotterêts sous la directive de François Ier. Au XVIIème siècle, l’église condamne à son tour le compagnonnage, mais la pratique perdura toujours dans le secret, et la qualité entretenue de leur travail. Les guerres de religion n’apporteront que des obstacles supplémentaires à leur métier, catholiques et protestants rivalisant à leur sujet, ajoutant de la confusion à leur liberté d’action.
Des difficultés entre corporations et dans l’espace compagnonnique lui-même, entre des maîtres influents, le compagnonnage connaîtra ses divisions internes au cours du XIXème, jusqu’à une résurrection de leurs métiers tout au long du siècle suivant.
Le goût de sauver des métiers disparus ou en cours de disparition, la nécessité de restaurer leur savoir faire, renoueront avec “la transmission des valeurs médiévales aux générations suivantes.”
Les débats entre tradition et modernité traversant les écoles des apprentissages, les plus téméraires et les audacieux maintinrent l’excellence jusqu’à nos jours où l’on semble témoigner dans l’adversité et le besoin, la perpétuation de ces savoirs faire, pour restaurer l’ancien et penser l’avenir.
Le chef-d'œuvre ou “travail de réception” du nouveau compagnon est une initiation majeure de ses apprentissages. Le vocabulaire utilisé, de l’aspirant, du maître de cérémonie au prévôt, compose le rituel interne de la vie du compagnon, sans oublier “la mère” de la famille compagnonnique dont la mission est unique dans la gestion au quotidien de la vie en commun de ces jeunes hommes pour la plupart, initiés et formés par leurs aînés à la transmission de leurs professions respectives.
Le Pays Basque et le Béarn disposent - à Anglet et Gélos, respectivement - de ces Maisons des Compagnons où s’inscrivent chaque année de nouvelles vocations.
Notre document représente la réception des compagnons et leurs chefs-d’œuvres miniatures qui sont souvent les maquettes de leur travail professionnel à venir.
A la rentrée prochaine, ces jeunes compagnons bénéficieront d’une visite commentée de la cathédrale de Bayonne sous la férule de professionnels du patrimoine, des anciens, heureux de les accueillir !

 

 

 

 

 

Répondre à () :

Benat.Inchausti | 25/06/2019 22:57

Mr l'abbé, Dommage qu' à l'occasion de cet article vous ne nous ayez pas donné d'information sur le superbe bâtiment des Compagnons en cours d'achèvement sur les hauteurs d'Anglet Montbrun - à l'emplacement de leur ancien siège: architecte, destination, budget, emplois etc

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